"Il n'y a pas de liberté pour l'ignorant"
Condorcet
Sur Ce Site
on s'efforcera de vous dire ce qu'on sait, aujourd'hui, des maladies mentales chroniques les plus graves, comme par exemple et surtout ce que les psychiatres appellent "la" schizophrénie. "La" maniaco-dépression, c'est-à dire les troubles bipolaires, et la dépression grave [unipolaire], seront également évoquées, mais plus accessoirement.
On ne prétendra pas donner de "la maladie mentale" une "définition" d'apparence "savante" à force de contorsions de vocabulaire creux. Tout le monde peut comprendre si on se borne à dire l'évidence: les maladies mentales chroniques dont il sera question résultent de défectuosités très précoces survenant au cours de la mise en place des constituants de cette gigantesque machine qu'est notre cerveau (pendant son développement). Tout le monde peut comprendre quand on dit que, très logiquement ces défectuosités ont pour conséquences des anomalies de fonctionnement du cerveau, qui portent principalement sur ce qu'on appelle très généralement nos fonctions mentales supérieures (celles qui, dans l'évolution des espèces, ont été les dernières à apparaître), ces fonctions qui font de chacun de nous ce que nous sommes et qui nous permettent de vivre, percevoir, éprouver, sentir et ressentir, penser, agir, réagir de manière cohérente.
On évitera d'employer un jargon psychologique ou psychiatrique pseudo-technique, 
  d'ailleurs inutile, mais plus propice à "noyer le poisson" 
  et à embrouiller les choses qu'à les clarifier. On tentera de 
  fournir les explications dont la neuroscience dispose actuellement, qui permettent 
  de mieux comprendre en quoi notre cerveau est différent de tous nos autres 
  organes. Cela nous amènera à démanteler un certain nombre 
  d'idées reçues qui ont toujours cours, dans le public profane, 
  à propos des maladies mentales chroniques (et que certains, qui se 
  disent professionnels, semblent avoir plaisir à entretenir). On se 
  propose donc de démystifier ces idées.
  Démystifier ne signifie pas rendre 
  moins terribles ou moins redoutables les affections mentales, ce n'est pas en 
  minimiser l'importance. Démystifier 
  ne veut pas dire qu'on dispose déjà de toutes les explications, 
  que la neuroscience aurait dès aujourd'hui toutes les réponses.
  Démystifier, ce n'est pas s'inventer des explications 
  imaginaires dans le but de se rassurer face à l'inconnu, comme le ferait 
  un enfant apeuré dans l'obscurité de la nuit. Ce n'est pas non 
  plus échafauder des explications fantaisistes et de circonstance, alambiquées 
  ou, au contraire, simplistes et infantiles, comme celles destinées à 
  éluder les questions embarrassantes que poserait un enfant précoce 
  et curieux, les questions qu'on n'a pas prévues mais auxquelles on ne 
  veut pas paraître ignorer les réponses.
  Démystifier, c'est dire et expliquer 
  ce que, raisonnablement, on pense savoir, mais c'est aussi dire ce qu'on ne 
  sait pas (avouer où notre savoir s'arrête), c'est dire ce que les 
  scientifiques croient plausible et pourquoi c'est plausible; c'est dire ce que 
  les scientifiques ont de bonnes raisons d'exclure ou de bonnes raisons de tenir 
  pour peu probable.
  Démystifier, c'est assumer, avec honnêteté, 
  ses fonctions, ses connaissances mais aussi ses ignorances, de manière 
  responsable; c'est agir et traiter les autres en humains eux aussi adultes et 
  responsables, c'est-à-dire témoigner à chacun le respect 
  auquel il a droit et qu'on reconnaît lui devoir, en lui donnant les moyens 
  de juger par soi-même et de prendre ses propres décisions, faire 
  librement ses choix en toute connaissance de cause. C'est informer correctement 
  les autres pour que les adultes qu'ils sont ne se prennent plus pour les petits 
  enfants ignorants qu'on voudrait parfois leur faire croire qu'ils seraient.
  Sur ce site, il 
  ne sera pas question de ces maladies que les humains s'infligent à eux-mêmes:
  c'est-à-dire les assuétudes aux différentes 
  drogues socialement admises que sont l'alcool, le tabac, par exemple, ou aux 
  autres drogues bien plus rapidement toxiques comme la cocaïne, l'héroïne, 
  le crack, etc., dont ensuite on ne parvient plus à se défaire 
  parce qu'elles ont modifié le métabolisme sinon définitivement, 
  du moins pour fort longtemps.
  Sur ce site, 
  on ne passera pas en revue les propriétés soi-disant spécifiques 
  à chaque médicament psychotrope (neuroleptique ou antidépresseur) 
  actuellement disponible sur le marché belge parce que, telle qu'elle 
  est décrite dans la notice d'emploi, la prétendue spécificité 
  de chacun de ces médicaments sur les diverses manifestations de la maladie 
  n'est qu'un leurre, une illusion.
  En effet, chaque malade mental constitue un cas 
  particulier, il est une personne unique, ce qu'on peut encore exprimer autrement 
  en disant qu'il n'y a aucune maladie mentale chronique bien définie qui 
  serait justiciable d'une médication bien précise: il n'y a que 
  des cas particuliers. Les effets, favorables ou non, d'un médicament 
  donné pour tel ou tel malade, ne sont donc jamais prévisibles 
  avec certitude. Il n'y a pas de médicament bon à coup sûr 
  pour telle affection, ni sûrement mauvais pour telle autre. Il y aura 
  le bon médicament pour Mr ou Mme Untel, parce qu'à l'essai, il 
  s'avèrera "marcher" chez Mr ou Mme Untel. Un médicament 
  plus récent sera évidemment vanté par la firme pharmaceutique 
  qui l'a mis au point et le commercialise. Cela ne garantit nullement qu'il sera 
  plus efficace chez Mr ou Mme Untel qu'un autre médicament, éventuellement 
  plus ancien. Par conséquent, on ne tentera pas ici d'étourdir 
  le lecteur sous une accumulation de noms de médicaments, de descriptions 
  de molécules et de leurs soi-disant propriétés tant biochimiques 
  que "psychotropes". Cela ne lui serait d'aucune utilité. Nous 
  laisserons cela à ceux qui en ont l'expérience - ou qui devraient 
  l'avoir: les médecins neurologues, les neuropsychiatres dits "biologiques" 
  et les pharmacologues.
  Puisqu'ils semblent croire que cela rehausse leur image et leur crédibilité, 
  laissons cela aussi à ceux qui confondent énumération de 
  catalogues avec compréhension et expérience de leur contenu, fausse 
  érudition mal digérée avec savoir véritable.
Contrairement à ce que vous pourrez souvent lire sur d'autres sites, 
  on ne vous fera pas miroiter ici l'apparition très prochaine de 
  neuroleptiques meilleurs parce que ne provoquant pas ou peu d'effets secondaires 
  gênants. Aucun neuroleptique n'est actuellement suffisamment spécifique 
  pour être dépourvu d'effets secondaires et, par définition 
  autant que par nature, ceux-ci ne peuvent être que gênants. 
  Absolument personne ne sait aujourd'hui quelle cible 
  spécifique, dans le cerveau, un médicament psychotrope devrait 
  viser pour supprimer ou seulement atténuer sensiblement les troubles 
  mentaux psychotiques. Par conséquent, dire qu'on a déjà 
  amélioré la spécificité du médicament ou 
  qu'on y est presque me paraît le fait, soit d'ignorants, soit de fumistes 
  (et rien n'empêche non plus de cumuler). On a le choix...
Sur ce site, nous aurions aimé fournir 
    une liste commentée des structures et lieux d'accueil 
    pour les malades mentaux dont l'état de santé et l'autonomie 
    trop limitée continuent de requérir un encadrement par des professionnels, 
    que cet accompagnement soit périodique ou même permanent (cela 
    aurait pu être une sorte d'équivalent de "guide Michelin" 
    pour malades mentaux). Quoiqu'il soit en apparence tentant de se livrer 
    à pareil exercice sur le papier, et bien que beaucoup de familles (et 
    de médecins) soient à l'affût de ce genre de renseignements 
    qui manquent cruellement à l'heure actuelle, on 
    ne s'y risquera pourtant pas ici (une ébauche rudimentaire 
    dans ce sens existe, sous la forme du "Memento 
    de la Santé Mentale", élaboré par la Fondation 
    Julie Renson à Bruxelles, dont le n° d'appel téléphonique 
    est le 02 538 94 76).
  Un tel répertoire, pour être d'une quelconque utilité, doit, 
  en effet, être très détaillé (adapter étroitement 
  l'offre à la demande individuelle est impératif!) et doit aussi 
  être fréquemment remis à jour (au moins tous les ans), car 
  une des caractéristiques du secteur psychiatrique est la grande variabilité 
  en nombre, compétences particulières et affectations géographiques 
  de son personnel au cours du temps. L'appréciation permanente et nuancée 
  des caractéristiques et de la qualité de l'hébergement, 
  de l'encadrement et des activités proposées dans chaque lieu, 
  bien qu'elle soit pourtant d'une importance évidente 
  qu'on ne saurait assez souligner, n'est pas à la portée 
  de quelques bénévoles dépourvus des moyens financiers et 
  des compétences requises, aussi grande leur bonne volonté soit-elle.
Sur ce site, on s'attachera plus particulièrement à faire comprendre quelles sont, pour les traitements et les soins actuellement possibles, les conséquences évidentes et incontournables découlant des caractéristiques propres aux maladies mentales chroniques.
 C'est ainsi qu'on rappellera que les causes et les mécanismes de ces 
  affections, quoi que certains continuent à prétendre, ne peuvent 
  être que bien concrets. De plus, les causes n'étant pas encore 
  connues, les actuels traitements à mettre en oeuvre ne pourront être 
  que palliatifs, mais ils devront, eux aussi, être bien concrets (médicamenteux). 
  Sauf exceptions fort rares et totalement imprévisibles, même quand 
  ils seront efficaces ils ne donneront, sans doute, pas entière satisfaction 
  et présenteront par eux-mêmes des inconvénients.
  Les résultats partiels, insuffisants ou imparfaits de la médication 
  obligeront de continuer à dispenser, à de nombreux malades médiqués, 
  en plus de leur médication, des soins consistant, non pas en l'une ou 
  l'autre prétendue "psychothérapie" plus ou moins arbitraire 
  et fantaisiste, mais en un encadrement et un soutien psychologique individuellement 
  adaptés à chaque personne (on peut, si on veut, baptiser cette 
  aide du nom de psychothérapie, mais cela ne lui confère aucune 
  efficacité supplémentaire, même si certains soignants croient 
  en retirer un prestige accru et si cela jette de la poudre aux yeux des naïfs 
  et des crédules).
D'autres conséquences découlent encore de ce qui précède, 
  qui, à la réflexion, devraient paraître non moins évidentes, 
  mais qui ne semblent pas encore être parvenues à la conscience 
  des responsables. C'est pourquoi sans doute on n'en parle guère, même 
  sur Internet! Décider, par l'observation - c'est le seul outil dont on 
  dispose dans le domaine des affections mentales psychotiques - de "ce qui 
  va" et de "ce qui ne va pas" chez une personne malade demande, 
  de la part des "professionnels" (psychiatres, psychologues, soignants) 
  une présence continue de tous les instants, une observation 
  attentive, soutenue et prolongée auprès 
  du (de la) malade, pendant des périodes s'étendant 
  souvent sur plusieurs semaines, voire des mois, quelle que soit la "psychose" 
  que l'on prétend "diagnostiquer".
  Il en va évidemment de même quand il faut apprécier les 
  effets de la médication, reconnaître ce qu'elle améliore, 
  ce qu'éventuellement elle aggrave, ce qu'elle ne change pas.
C'est aussi cette observation attentive et continue qui, seule, permet de décider 
  si certains "apprentissages" des comportements et de la vie en société 
  sont encore possibles ou si les capacités et la motivation pour y parvenir 
  sont trop détériorées pour les rendre accessibles dans 
  la pratique.
  Vouloir forcer un malade mental, qui n'en a plus toutes les capacités, 
  à se comporter dans la société comme une personne bien 
  portante, est comparable à vouloir forcer un possible paraplégique 
  (qu'on ne s'est pas donné le temps de reconnaître tel) à 
  traverser l'autoroute en courant (on verra bien s'il y parvient sans se faire 
  écraser). Ce n'est pas de la thérapie, ce ne sont pas des soins, 
  c'est plutôt, sous prétexte de le "réinsérer 
  dans la société", lui infliger une torture sadique et criminelle.
Les vrais soins consistent à administrer à chacun le médicament qui s'avère le plus efficace pour lui, et à lui aménager des lieux de vie adaptés à son invalidité. Forcer à s'adapter à la société ceux à qui nous sommes incapables ou nous refusons d'en donner ou rendre les moyens, cela ne s'appelle pas soigner. Il n'y a pour cela qu'un seul mot qui convienne: torturer.
Soigner correctement suppose donc un important investissement en temps, en 
  personnel motivé et qualifié, et donc en argent du contribuable. 
  Jusqu'à présent les responsables politiques ne semblent pas avoir 
  voulu l'envisager. 
  Tout ce qui touche à la "Santé Mentale" partage avec 
  la politique une dose importante de baratin, comme on pouvait s'en douter. Le 
  présent site veut aider chacun à être capable de démasquer 
  le baratin, pour mieux promouvoir les vraies solutions.
| Première publication: 6 Juin 2001 | (J.D.) | Dernière modification: 5 Octobre 2001 |