NEW-AGE
"On peut donc prétendre à bon droit que tout risque imaginé est un risque créé puisqu'on ne peut pas démontrer qu'il ne se réalisera jamais"
Pierre Kourilsky: "La Science en partage", Odile Jacob, Paris 1998
Des hommes et femmes politiques, des sociologues, des intellectuels et philosophes, ainsi que les organisations régionales, nationales et supra-nationales, ou même les gouvernements dans lesquels ils officient ou qu'ils conseillent, découvrent ou redécouvrent, avec un certain retard, le post-modernisme. Toutes les affirmations injustifiées, aussi contradictoires soient-elles, deviennent acceptables du moment qu'elles émanent des Nations Unies, de la Communauté Européenne, de l'O.M.S., d'une instance gouvernementale belge fédérale ou régionale, sans doute parce que personne ne les lit attentivement.
Oubliant que "qui trop embrasse mal étreint",
les post-modernes peuvent en effet croire que "tout
est dans tout" et confondre causes et effets de tout et
de rien dans un grand mélange confus.
C'est, en même temps, le retour des superstitions et de la magie, c'est-à-dire
des mélopées, des rituels et des incantations qui tiennent lieu
de réflexion et d'action, et qui substituent les représentations
théatrales aux actions sur le terrain.
C'est le recours au pouvoir hypnotique, non pas des mots mais de leur son, non
pas des phrases mais de leur musique. C'est, enfin, l'abdication de la raison,
l'abandon de la logique et de l'esprit critique au profit de la sentimentalité
facile et de la démagogie. Il n'y a plus de réalité physique
objective extérieure à l'Homme, dont il ferait partie et où
il vivrait, mais seuls comptent l'imaginaire et le rêve dans lesquels
certains se complaisent à nous parquer, et surtout dont nous ne sommes
pas supposés jamais sortir.
Néologismes d'apparence savante et phrases pompeuses proférées
par des "officiels" de la "santé" (ces autorités
que nous croyons avoir choisies, élues, et ceux qui siègent à
des colloques, qui se réunissent autour de Tables Rondes, qui décident
et élaborent pour nous des Chartes, qui papotent entre eux et parfois
disent qu'ils nous informent, qui déclarent et déclament à
tous vents, qui prétendent savoir pour nous et à notre place,
etc.), aujourd'hui tous ces (leurs) discours ne sont, la plupart
du temps, que des sons dépourvus de sens intelligible. Ce ne sont que
des bruits se suffisant à eux-mêmes, qui semblent remplir leurs
auteurs d'une auto-satisfaction les rendant imperméables à la
logique la plus élémentaire. Ces "décideurs",
tout à la fois se bercent de leur propre musique, se figent dans le contentement
de soi, dans l'inaction, et deviennent étrangers à ce monde concret
qu'ils croient pouvoir ignorer alors même qu'ils y baignent et qu'ils
prétendent l'aménager pour le bien-être des autres.
Ces technocrates post-modernes, et les hommes et femmes politiques qui s'en
inspirent et s'y réfèrent, confondent le brouhaha de leur bavardage
avec l'écho imaginaire renvoyé par la mise en oeuvre des vagues
"mesures" qu'ils n'ont que peut-être rêvées, mais
qu'ils n'ont certainement pas pensées. Ils rêvent
qu'ils "oeuvrent", qu'ils agissent. Ils s'en persuadent et imaginent
qu'ils nous en convainquent, nous aussi. L'image qu'ils donnent ainsi de notre
démocratie met cette dernière en péril.
Dans un communiqué de presse (à Bruxelles, daté du 6 avril 2001 - publié le 18 avril 2001 sur le site web europa.eu.int), la Commission Européenne nous disait: "En vertu de l'article 152 du traité d'Amsterdam, la Communauté est habilitée à agir dans le domaine de la santé publique et à contribuer à réaliser un niveau élevé de protection de la santé. Dans le cadre de la réalisation de cet objectif, l'accent est mis essentiellement sur les risques sanitaires et les déterminants de la santé de la population plutôt que sur une intervention de la Communauté au niveau des traitements et soins individuels ou sur des actions ciblées sur des maladies et pathologies spécifiques. Par conséquent, il est de la plus haute importance pour la Commission d'opérer une distinction entre la santé mentale et maladies mentales. Les activités de la Commission s'inscrivent dans le cadre général de la prévention et de la promotion de la santé et sont centrées sur la protection et la promotion de la santé mentale...."
Dans ce même communiqué de presse, on se référait à une conférence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève, et on citait le Commissaire européen David Byrne, chargé de la santé et de la protection des consommateurs, qui avait déclaré: "Promouvoir la santé mentale, s'attaquer aux problèmes de santé mentale et lutter contre l'opprobre (sic) et la discrimination (sic) dont sont victimes les personnes souffrant de troubles mentaux figurent parmi les priorités de l'agenda de la Commission européenne en matière de santé publique, priorités que partage l'OMS".
S'attaquer aux "problèmes de santé mentale", puisqu'il paraît que cela ne consiste pas en une "action ciblée sur des maladies et pathologies spécifiques", on aimerait bien, alors, apprendre de quoi il est réellement question (de "problèmes (?) de bonne santé"?, [un premier exemple d'oxymore]) et en quoi cette attaque projetée n'est pas qu'une simple annonce attrape-nigaud...
A moins que, se prenant à leur propre jeu, les "experts" européens, confondant métaphores et réalité, n'identifient "promotion de la santé mentale" à "lavage de cerveau"?
Le 21 novembre 1986 se réunissait à Ottawa (Canada) la première Conférence internationale pour la promotion de la santé. Elle publiait une "Charte" pour l'action visant à obtenir la santé pour tous dès l'année 2000 et au-delà (pas moins que cela!). Cette Conférence constituait essentiellement, paraît-il, une réaction aux attentes croissantes, dans le monde entier, d'un renouveau de santé publique.
Dans la version anglophone de cette "Charte d'Ottawa", on peut lire:
"PREREQUISITES FOR HEALTH: The
fundamental conditions for health are peace, shelter, education,
food, income, a stable ecosystem, sustainable
resources, social justice and equity. Improvement
in health requires a secure foundation in these basic prerequisites."
Ce qui, dans la traduction francophone officielle, devient:
"CONDITIONS PRÉALABLES A LA SANTÉ:
Les conditions et ressources préalables sont, en matière
de santé: la paix, un abri, de la nourriture et un revenu. Toute amélioration
du niveau de santé est nécessairement solidement ancrée
dans ces éléments de base."
Avez-vous remarqué la différence? En francophonie,
ni l'éducation, ni un écosystème en équilibre, ni
des ressources durables, ni la justice sociale et l'équité ne
sont plus des conditions préalables nécessaires pour assurer (conserver)
la santé. On éprouve quelque peine à croire que, au niveau
international, ces omissions puissent résulter, et
d'un oubli des traducteurs, et d'une distraction de relecture.
Elles ne peuvent être que délibérées. De quelles
motivations sont-elles le reflet?
Avez-vous remarqué? La Communauté européenne est
habilitée à "AGIR"; la conférence
internationale d'Ottawa pour la promotion de la santé publiait une "Charte"
pour "L'ACTION"; (d'ailleurs, vous l'aurez
sans doute aussi remarqué, on n'intervient pas, mais on "met l'accent",
on "opère (?) des distinctions").
Mais alors, en quoi, concrètement, consiste l'action, sinon en proclamations
d'intentions, beaucoup de salive, d'haleine et d'encre, c'est-à-dire
une action purement platonique, (encore un bel exemple d'oxymore)?
Avez-vous remarqué qu'en français (si on peut dire!),
nos responsables (?) parlent des "déterminants"
de la santé? Cela existe-t-il, des "déterminants de la santé"?
Quelles sont donc ces bêtes-là? Nos responsables connaissent-ils
la signification des mots qu'ils emploient? Ont-ils oublié le sens, pourtant
source de nombreuses et anciennes polémiques, donné au mot déterminisme?
Ne savent-ils pas que les déterminants
d'une chose, ce sont les facteurs (les causes) qui sont à l'origine
de cette chose et rendent son existence obligée, inéluctable?
Croient-ils donc que pareil concept, accolé au concept bien flou de santé
("mentale" ou autre), ait un sens quelconque?
Dans la version anglophone de la "Charte d'Ottawa", on emploie,
de manière justifiable et très correctement, le terme de "prerequisites".
Ce qui, en français, signifie "conditions préalables
nécessaires". Certains d'entre nous ont été
à l'école et se souviennent quand même encore de ce qu'on
leur a appris aux cours de mathématiques (et éventuellement
de logique). Ils se souviennent de ce qu'on appelait les "conditions
nécessaires et suffisantes".
Des déterminants, ce sont des conditions nécessaires et
suffisantes. Et ce concept est absurde quand on tente de le coupler
avec celui de santé, surtout si, incapable de cerner avec précision
cette dernière, on y inclut et on la confond avec bien-être, bonheur,
épanouissement complet, sérénité infinie, béatitude,
etc., etc., soit le paradis sur terre, c'est-à-dire tout et n'importe
quoi (parce que plus on lui rajoute de couches de peinture, plus séduisant
sera le tableau?)
Mais, pour la Communauté française
de Belgique, la "promotion de la santé" est ainsi devenue
"le processus qui vise à permettre à l'individu et
à la collectivité d'agir sur les facteurs déterminants
de la santé et, ce faisant, d'améliorer celle-ci, en privilégiant
l'engagement de la population dans une prise en charge collective et solidaire
de la vie quotidienne, alliant choix personnel et responsabilité sociale.
La promotion de la santé vise à améliorer le bien-être
de la population en mobilisant de façon concertée l'ensemble des
politiques publiques".
Cette définition d'un "processus" imaginaire, idéal
et utopique, définition encombrée d'un bric-à-brac de vagues
aspirations et de tous les "possibles et souhaitables", offre un parfait
exemple d'incantation de nature magique, sans plus aucune référence
à quoi que ce soit de concret, mais dans laquelle on espère n'avoir
oublié personne.
On nous présente cette "définition" comme un "progrès"
par rapport à une ancienne proposition de loi (4 décembre 1969)
qui, raisonnablement, définissait la promotion de la santé comme
"l'ensemble des mesures d'hygiène sociale et d'information
sanitaire prises par les autorités en vue de favoriser l'état
général de santé de la population, notamment par la prévention
et le dépistage des maladies".
Désormais, il n'est même plus question de prévention ni
de dépistage des maladies (ce qui serait pourtant à la fois
nécessaire et plus immédiatement accessible), mais "d'agir
sur des facteurs déterminants de la santé", eux qui
ne sont qu'imaginés dans les discours médiatisés!
Santé mentale et maladies mentales, ces dernières n'ayant plus
rien à voir avec la première, distinguons-les donc bien! "Opérons"
la distinction! C'est la santé qui compte, les maladies et pathologies
ne sont que secondaires, des épiphénomènes, des faits divers
en dernière page, juste après les petites annonces, en quelque
sorte. Nous "n'intervenons" pas sur des pathologies spécifiques!
Organisons tous nos efforts pour ne surveiller attentivement que la santé
[mentale] et pour lui assurer, selon l'article 152 du Traité d'Amsterdam,
"un niveau élevé de protection".
Fort bien, Mesdames et Messieurs! Mais dites-nous, qu'allez-vous donc si attentivement
surveiller? Serait-ce les fameux déterminants
(imaginaires) de la santé? Et comment allez-vous juger de l'efficacité
de vos efforts, au moyen de quel appareil de mesure allez-vous évaluer
la hauteur atteinte par votre "niveau de protection"? Comment saurez-vous
que vous n'aurez pas perdu votre temps et votre énergie (!), puisque
vous ne vous préoccupez pas des "pathologies"?
Vous fierez-vous uniquement à votre infaillible intuition de la santé?
En ferez-vous part dans de prolixes et filandreux rapports soigneusement rédigés
à partir de données recueillies auprès d'on ne sait qui
(auprès de ministres qui déplorent l'absence de données
épidémiologiques)? Rapports établis Dieu sait comment,
rapports qui célébreront la nouveauté, l'originalité
et l'universalité de vos décisions, mais qui en tairont prudemment
les modalités d'application, l'absence réelle de mise en oeuvre
et d'effets concrets?
Et pendant ce temps-là, la condition des malades mentaux, qu'on aura
tenté d'oublier (quoiqu'on ne "cible pas l'action sur eux",
ils existeront pourtant encore), cette condition n'aura pas changé
d'un iota, parce que "nous n'intervenons pas", nous n'entreprenons
surtout pas "des actions ciblées sur les pathologies", mais
nous surveillons la santé (peut-être celle des bien-portants),
nous la protégeons et nous en assurons la promotion (assertions comparables
à cette pub, "promotion" pour certains produits de nettoyage:
"hmmm, quelle odeur efficace!": pour nettoyer ou pour attirer les
mouches?).
Pour les responsables et technocrates de la Communauté française
de Belgique, l'ancienne conception de la promotion de la santé, basée
sur la prise de mesures par les autorités, a été remplacée
par "un concept mettant davantage l'accent sur la
participation des populations à l'élaboration des décisions,..."
(Programme quinquennal 1998-2003 et législation de promotion de la santé
de la Communauté française, Direction générale de
la Santé, Bruxelles 1998)
A notre connaissance, si "l'accent a été mis sur quelque
chose", les populations concernées n'en ont pas été
affectées et n'ont guère participé à quoi que ce
soit...
Ces mêmes experts affirment (ibid.) que "La
santé mentale se définit par des critères négatifs
tels que la dépression, l'anxiété chronique, la tentative
de suicide voire le suicide.[...] La santé mentale se définit
aussi par des critères positifs - mais pas toujours quantifiables - comme
la sensation de bien-être, la capacité d'avoir des relations satisfaisantes,
la confiance en soi, etc. La santé mentale tient à des facteurs
intra-psychiques (??), mais
aussi relationnels; elle tient aussi à la satisfaction des besoins fondamentaux:
ceux qui sont définis dans la Charte d'Ottawa (la sécurité,
un abri, une nourriture adéquate, un revenu suffisant), mais aussi les
besoins affectifs de base..."
D'après ce qu'on vient de lire, il semblerait que, malgré sa "plus haute importance" soulignée précédemment, la distinction à "opérer" entre "santé mentale" et maladies mentales soit ici passée à côté de la table d'opération; de même, il apparaît, de l'aveu même de nos experts de la Communauté française de Belgique, que les déterminants de la santé ne seraient pas toujours quantifiables. Comment, alors, jugeront-ils de "l'amélioration" qu'ils leur auront apportée? Comment, pour reprendre leur admirable expression, sauront-ils qu'ils auront "produit de la santé" (sic)? Quand ils seront enfin en rupture de stock de phrases creuses? On peut craindre que cela n'arrive pas de sitôt.
De son côté, l'O.M.S., avec laquelle l'Union européenne se flatte de coopérer, nous dit, dans son "Rapport sur la santé dans le monde (2001 La Santé mentale, nouvelle conception, nouveaux espoirs, p. 104)", que "la guerre, les conflits, les catastrophes naturelles, l'urbanisation non planifiée et la pauvreté ne sont pas seulement d'importants déterminants de la maladie mentale...etc., etc.", ce qui est parfaitement faux mais rassurant et sonne si bien aux oreilles conventionnelles et bien-pensantes.
On voit donc que, malgré les distinctions à opérer par
les uns, les interventions ou non-interventions des autres, les définitions
progressistes, la santé mentale est, au choix, à la fois tout
ce qu'on veut et tout ce qu'on ne veut pas. Ce ne sont pas les maladies mentales,
et vice-versa, quoique... et donc, en résumé, santé mentale
et maladies mentales, c'est un énorme bric-à-brac, un fourre-tout
indescriptible qui permet de tout dire, tout prétendre, faire l'important,
bien déconner, beaucoup se réunir, longuement "réfléchir",
concocter de nombreux rapports et communiqués où vous pourrez
toujours trouver réponse à tout.
Mais, faire quelque chose de concrètement constructif
pour les malades mentaux, vous aurez beau chercher dans toutes les "déclarations
et décisions officielles" à propos de la "santé
mentale", cela, vous ne le trouverez pas.
A force d'imaginer que les "déterminants" les plus divers auraient un impact plus ou moins indirect sur la "santé" (et la "santé mentale"), il est toujours possible de faire passer la moindre décision banale et insignifiante de n'importe quel ministère pour "une action visant à améliorer le niveau de santé". C'est ainsi qu'on peut proclamer que tous les ministères participent à la nouvelle politique de santé publique, qui embrasse tous les aspects de la vie politique et sociale. On se donne l'air de faire de grandes choses. Mais ce ne sont que des nuées. Qui trop embrasse mal étreint.
Est-ce cela, la fierté de notre ère post-moderne?
(Suite du feuilleton...) En date du 11 mars 2003 (mise en ligne sur
le Web), les experts de la Commission européenne ont tenté de
quelque peu nuancer leurs notions et positions de 2001 en matière de
"santé mentale" et de "maladies mentales", mais ce
qu'ils nous en disent n'est guère plus convaincant qu'auparavant, et
les choses ne s'améliorent guère non plus quand on compare versions
française et anglaise de leur texte (en français
et en anglais).
(http://europa.eu.int/comm/health/ph_determinants/life_style/Mental_health_fr.htm).
Ainsi, les "problèmes de santé mentale",
c'est à dire les seuls dont on disait précédemment qu'on
acceptait de s'y attaquer (mais par la pensée seulement), on les
identifie désormais par élimination: ce ne sont pas les troubles
(inexistants) dont ne se plaignent peut-être que les autres; ce ne sont
pas non plus les "maladies mentales", c'est à dire celles auxquelles
on serait capable d'attribuer un diagnostic psychiatrique. Ce sont des manifestations
"intermédiaires", celles dont "les
signes et symptômes [quoique] évidents
sont d'une intensité ou d'une durée insuffisante pour répondre
aux critères de l'une quelconque des maladies mentales."
Ils ne se sont évidemment pas risqués à définir
ce qui rend les signes et symptômes d'une "quelconque" maladie
mentale évidents - et, a fortiori, ceux d'une non-maladie - aux
yeux des commissaires européens (et de tout un chacun?); ils ont
estimé tout aussi inutile de définir quand la "mesure de
leur intensité" ou la "mesure de leur durée" cessent
d'être "insuffisantes", deviennent "suffisantes" pour
commencer à "répondre à des critères"
sur lesquels ils ne risquaient pas de s'attarder. En effet, les moyens de procéder
à ces mesures ne font l'objet d'aucun réel consensus des professionnels,
ils ne sont ni standardisés ni même toujours disponibles en tous
lieux. Mais sans doute les commissaires européens ont-ils une totale
confiance en leur "modèle fondé
sur la population" et dans leur "inquiétude
pour la santé d'une population dans sa globalité..."(sic).
Il paraît aussi que ce modèle (Dieu seul sait ce que ce vocable
désigne dans l'esprit de ceux qui s'en prévalent!) "se
caractérise par la connaissance du lien existant entre la santé
[mentale] et l'environnement physique et psychosocial."
Eh bien ! Dites donc, s'ils connaissent effectivement ce lien, ils en savent
plus que tous les scientifiques du monde entier réunis! (dans la version
anglaise, on laisse entendre qu'on a conscience d'un lien possible, on ne prétend
pas le connaître... Cela ne fait rien, "positivons", il en restera
bien quelquechose!)
Ils continuent aussi à affirmer que "l'approche de santé publique se concentre sur [...] la promotion de la santé mentale et la prévention des maladies mentales." Tout le monde devrait pourtant savoir que la promotion de la santé, qu'elle soit mentale ou autre, n'est qu'une utopie attrape-nigaud, que la prévention des maladies mentales n'est pas possible tant que leur(s) cause(s) n'est (ne sont) pas connue(s). En dernière analyse, ceux qui prétendent la "promouvoir" ne font qu'exploiter à leur seul profit personnel la crédulité et le malheur des gens.
Et ils s'obstinent toujours à parler de déterminants de la santé..., ce qui permet de diluer et dilapider les maigres ressources publiques en prétendant les consacrer à l'élimination - fort improbable - d'une multitude de risques de "morbidité", tous surtout de convenance et moraux, et plus hypothétiques les uns que les autres quant aux effets soi-disant salutaires de leur diminution souhaitée. Ils ont de surcroît l'arrogance de dicter des "styles de vie" qui "détermineraient" la santé, et n'arrêtent pas de tenir des raisonnements circulaires... ni de concocter de nombreux (et coûteux) rapports creux... Ils nous prennent vraiment pour des c... ! Qu'ils relisent donc Skrabanek et s'instruisent!
(Nouvel épisode du même feuilleton) Le 10 janvier 2003,
le parlementaire européen Struan Stevenson adressait à la Commission
européenne une question écrite (parlementaire, évidemment!)
(n° E-0051/03) comportant plusieurs points, dont les suivants devraient
intéresser plus particulièrement les lecteurs de ce site:
"Quels fonds la Commission a-t-elle libérés en faveur
de la recherche sur les effets à long terme des médicaments
prescrits sur ordonnance et utilisés en psychiatrie pour le
traitement des patients au sein des services médicaux européens?"
"Quel est le taux observé dans l'Union
européenne en ce qui concerne les troubles suivants: les
troubles autistiques, les troubles de l'attention, les troubles des déficits
de l'attention, les troubles liés à l'hyperactivité, la
schizophrénie, la dyslexie, la dyspraxie et le syndrome de Down?"
Le 21 mars 2003, au nom de la Commission, Mr David Byrne (déjà
cité précédemment) répondait à ces deux
points:
"Les programmes de santé publique n'ont pas
affecté de ressources financières à la recherche
dans les domaines mentionnés".
"La Commission ne collecte pas d'informations sur
la prévalence des états pathologiques cités.
Le programme communautaire de santé publique
pour 2003-2008 est destiné à mettre en place un système
de suivi médical qui recueillera des données sur une série
d'aspects sanitaires."
Eh! Bien, voilà! A peu près simultanément (allez voir
les dates!), les uns disent qu'ils se concentrent sur la "promotion de
la santé mentale" et sur la "prévention des maladies
mentales" et qu'ils se basent pour cela sur un modèle, tandis qu'on
doit déduire des paroles des autres que cela peut se faire sans moyens
financiers, et qu'il n'est pas non plus nécessaire de disposer d'informations
chiffrées à ce sujet (ni avant que peut-être on s'y mette,
ni après qu'on s'y serait éventuellement mis). Peut-être
y pensera-t-on plus tard, mais ce n'est pas sûr (en attendant, le modèle
de la boule de cristal et l'imagination suffiront bien).
(source: www.europarl.eu.int
: question écrite E-0051/03)
Première publication: 16 Janvier 2002 | (J.D.) | Dernière modification: 18 Mai 2003 |