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Qand certains professionnels prétendent nous "expliquer" les SCHIZOPHRÉNIES,

ON VOUDRAIT S'ASSURER QU'ILS DISENT CLAIREMENT TOUTE LA VÉRITÉ, CETTE VÉRITÉ SUR LES PSYCHOSES QUE TOUS ONT BESOIN DE CONNAÎTRE,
SURTOUT CEUX QUI, DIRECTEMENT OU INDIRECTEMENT,
VIVENT et SUBISSENT LES PSYCHOSES

et quand ils s'adressent au public ou à la presse, les experts souvent considèrent cet aspect de la problématique des "psychoses" comme un "détail négligeable" (pourtant fort important); ils n'estiment habituellement pas utile de délimiter ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas mais qu'on s'imagine, peut-être parce qu'ils ne réfléchissent aux psychoses que par théories tout à la fois hypothétiques et abstraites. Celles-ci ne résidant que dans leur esprit, elles sont sans rapports avec la réalité de la vie menée (vécue) par leurs patients/clients puisqu'ils ne la partagent pas et ne peuvent donc que l'inventer mais pas la connaître.

› Quand on entreprend de lire les nombreux ouvrages traitant des schizophrénies, destinés au "grand public" et rédigés par des psychiatres ou des psychologues sans doute plus motivés par un pressant besoin de reconnaissance, de notoriété et de publicité promotionnelle personnelle qu'ils ne se soucient de l'instruction du public, de son information, d'objectivité et de réelle pédagogie;

› Ou encore, si on parcourt la presse (quotidienne ou périodique, voire spécialisée), ou plus encore si on consulte les divers sites du cyberespace qui abordent le sujet de la (des) schizophrénie(s), on est très généralement sollicité et peut-être souvent piégé par des titres du genre "La schizophrénie expliquée", "Qu'est-ce que la schizophrénie?", et plus souvent encore "Comprendre la schizophrénie".

Mais lorsqu'ensuite elles prennent le temps d'y réfléchir tout à loisir et plus attentivement, et tentent de résumer ce qu'elles ont retenu de leurs lectures (ou des conférences auxquelles elles ont assisté), les personnes vraiment intéressées aux problèmes posés par les psychoses découvrent que le contenu des textes figurant à la suite de ces titres est plutôt décevant parce qu'il ne tient pas vraiment les promesses que les titres semblaient annoncer.

En effet, les "explications" de vulgarisation destinées au public en général (mais aussi à l'entourage plus particulièrement concerné et impliqué des "malades"), ces explications le plus souvent avancées sur "la" schizophrénie ne visent guère à expliquer ce qu'elle est, mais se bornent à réciter diverses interprétations imaginaires (et plutôt imagées!), et fort hypothétiques voire totalement fantaisistes, des origines supposées de quelques unes de ses manifestations les plus spectaculaires se signalant par leurs éventuelles bizarreries les plus fréquentes.

Au mieux, on tente de faire passer l'énumération et les descriptions de ces manifestations pour des explications de ce qu'est "la" schizophrénie, ce qui ne nous apprend en réalité que fort peu de chose sur ce qu' en soi elle est vraiment, c'est à dire s'il s'agit d'une quelconque entité concrète pourvue d'une réelle existence physique démontrée, ou bien si cette appellation de schizophrénie n'est seulement qu'un "simple" mot désignant un concept mal défini construit par l'inventivité humaine (comme c'est d'ailleurs le cas pour bien d'autres "maladies" mal ou même bien connues et comprises, et tout comme pour de fort nombreuses autres représentations que nous nous faisons constamment, purement mentales, philosophiques et imaginées, du monde et de ses phénomènes, ce qui nous permet, à nous-mêmes d'y penser, d'en parler, et à d'autres plus audacieux, de sans doute ne pas trop y réfléchir tout en n'en sachant en fait que trop peu de choses, mais qui aiment néanmoins en disserter avec plus ou moins d'éloquence et de rhétorique sinon de faconde, et qui croient ainsi asseoir aisément leur autorité et leur réputation "d'experts").

Ce que donc les professionnels nous en racontent, ce sont des descriptions qu'ils font des différences qui, en apparence, par les particularités "visibles" qui caractérisent les personnes individuellement affligées de schizophrénie(s), permettent de les distinguer des personnes en général jugées par contre "en bonne santé mentale" parce que ces dernières seraient exemptes de ces particularités (et chacun de nous bien sûr croit dur comme fer pouvoir toujours se ranger sans conteste dans cette catégorie des "sains d'esprit" et pouvoir reconnaître "les autres" ).

Les professionnels ne nous expliquent cependant pas pourquoi, contrairement aux bons résultats qu'on peut généralement obtenir, sur les comportements et les discours, par l'éducation chez la plupart des personnes en "bonne santé mentale", ces différences, gênantes voire insupportables et fort invalidantes, qu'on espère effacer chez les personnes psychotiques, ne répondent cette fois que peu ou même pas du tout et toujours fort difficilement aux efforts des mêmes méthodes d'éducation pourtant efficaces quand on est en bonne "santé mentale".

On doit donc reconnaître que les professionnels de la "Santé Mentale" ne nous décrivent que les effets visibles, p.ex. comportementaux des schizophrénies, ainsi que seulement les diverses conséquences de ces affections sur l'humeur, les relations sociales et sur toutes les capacités intellectuelles de celles et ceux qui en sont atteints. Correctement, ils nous suggèrent que toutes ces manifestations souvent incompréhensibles sont involontaires et spontanées (non sensées, ni logiques ni réfléchies), mais ils se contentent de nous laisser le soin de graduellement deviner par nous-mêmes qu'elles sont le résultat de dysfonctionnements cérébraux dont leurs victimes ne sont pas responsables.

Mais ces dysfonctionnements-là précisément, si les professionnels semblent éviter d'en parler, c'est parce qu'en réalité, non seulement ils ne les connaissent et ne les comprennent peut-être que mal, ce que bien naturellement ils préfèrent sans doute ne pas avouer. Quand on les interroge à ce sujet, généralement ils se défilent en voulant encore toujours attribuer aux troubles observés, d'abord et principalement des "raisons" bien improbables de nature psychologique, et ne s'interrogent que fort peu sur leurs véritables causes biologiques.

Déjà en d'autres endroits du présent site, j'ai à différentes reprises dénoncé cette permanente confusion de langage (et de pensée!) que de nombreuses personnes entretiennent entre "raisons" et "causes". Cette confusion me paraît trahir une propension toujours présente et très répandue, latente mais profonde, à des interprétations téléologiques des phénomènes, voire à un certain animisme fort archaïque qui ne devrait plus être de saison tant de nos jours que dans nos sociétés occidentales dites instruites et "civilisées".

Pareille survivance d'anciennes superstitions me paraît dangereuse, source d'obscurantisme et favorisant toutes les discriminations, les ostracismes et tous les fanatismes, surtout quand ces erreurs sont exprimées et diffusées par des personnes réputées cultivées, éduquées et entraînées à un minimum de logique et de rationalité, et instruites aussi [d'une teinture de notions surtout littéraires] de philosophie. (Cette dernière à laquelle, malheureusement selon moi, de nombreux "intellectuels" francophones semblent manifester un attachement par tradition trop bien inculqué, et lui attribuent une importance souvent démesurée, voire non pertinente ici car, loin d'apporter au raisonnement de véritables preuves, elle n'est tout au plus qu'un signe d'adhésion passive et fort peu critique à des croyances, un conformisme bien-pensant et d'automatique respect aveugle pour un certain jargon et pour l'argument d'autorité dès qu'il émane d'auteurs réputés prestigieux).

Un tout récent exemple - parmi une infinité d'autres possibles - (et très exemplaire bien que tristement banal et retransmis par TV !) illustrant à merveille pareille confusion de raisons imaginaires avec des causes réelles nous a été gracieusement fourni par un haut fonctionnaire à la tête de la SNCF, qui évoquait le très grave et spectaculaire accident de chemin de fer meurtrier survenu au début de juillet 2013 en banlieue parisienne (à Bretigny-sur-Orge): ainsi, il disait en substance aux journalistes présents sur les lieux de l'accident, qu'il faudrait encore attendre avant de connaître les raisons de cette impressionnante catastrophe.
Ce haut responsable aurait pu et dû savoir que ni les choses, ni des événements, ni des phénomènes n'ont jamais de raison(s) [d'être], mais plus exactement peuvent résulter d'une ou de plusieurs causes. (Les "raisons" des choses sont toujours imaginaires et hypothétiques, elles n'existent que dans la tête des gens qui les attribuent à ces choses comme pour leur prêter une intentionnalité - qu'elles ne peuvent évidemment avoir!).

Quant à ce que, sans réfléchir, beaucoup appellent à tort des "raisons", elles ne correspondent qu'aux "explications" et interprétations que les observateurs et commentateurs des phénomènes observés se construisent de ceux-ci dans leur propre cervelle à l'imagination plus ou moins fertile.
Je suis convaincu qu'il en va de même pour la plupart des nombreuses, diverses et très riches et abondantes "explications" de symptômes des psychoses que nous proposent avec générosité une majorité de nos "psys", sans jamais avoir à en prouver ni la validité, ni la pertinence, ne fût-ce que par quelques preuves convaincantes, décisives et vérifiables.

Devrions-nous donc, une fois pour toutes, renoncer à obtenir de la plupart de nos professionnels les réponses sincères et sans ambigüités que nous attendons aux questions que nous leur posons?
Serions-nous mieux inspirés en n'écoutant pas leurs fausses réponses, les échappatoires, les diversions et inventions très imaginatives qu'ils nous proposent "à tout bout de champ" pour nous tranquilliser, nous rassurer et nous faire "tenir tranquilles" et "bien sages" (c.-a.d. nous faire taire)? Non, ce serait là une attitude de résignation face à l'affection, et l'acceptation de l'ignorance de ses causes; sans même qu'on le veuille, elle favoriserait toutes les dérives sectaires et ne pourrait que retarder ou empêcher les avancées scientifiques et thérapeutiques.

Il faut plutôt faire comprendre aux professionnels de la "Santé Mentale" que s'ils veulent que les malades et leur entourage les respectent et leur fassent confiance, ils doivent eux aussi et par réciprocité faire preuve de respect envers leur patientèle tout en tenant compte de ses handicaps.
Ce respect ne consiste pas à leurrer la patientèle par de charitables bien qu'improbables et utopiques perspectives imaginaires de guérison de leurs troubles, ce dont ils ne sont en rien assurés eux-mêmes (les "psys" n'ont pas à jouer les prêtres aumoniers et ne connaissent pas plus qu'eux ce que certains appelleraient sans doute les "intentions du ciel" ).

On ne devrait jamais leurrer personne sous prétexte fort douteux de "charité": pareille "charité" n'est que tromperie condescendante résultant, chez ceux qui l'exercent, d'un sentiment injustifié d'appartenance à une élite se croyant éclairée (sous-entendue "supérieure"), ce que je trouve inacceptable et difficilement excusable.
Le respect dû à leur patientèle qui s'impose aux professionnels, c'est entre autres de la reconnaître comme leur égale en humanité, et c'est admettre qu'elle a droit autant qu'eux à savoir la vérité sur ce qu'on sait et ce qu'on ignore des psychoses.

Il faut qu'on puisse dire aux professionnels de la "Santé Mentale", sans qu'ils s'en croient insultés pour autant, qu'aujourd'hui encore, eux-mêmes "ne comprennent pas vraiment les schizophrénies", parce que leur approche de ces affections est trop "philosophique" et idéologique, et par contre trop peu "physiquement biologique" et par conséquent inadéquate pour acquérir cette supposée "compréhension".
On devrait pouvoir leur dire, sans qu'ils s'en offusquent inutilement et bien à tort, que les descriptions qu'ils font des schizophrénies ne sont utiles à l'entourage des malades que par leur rôle d'information et d'avertissement sur les signes de la "maladie". Elles n'en sont pas pour autant des "explications", car on n'explique pas ce qu'on ne comprend pas vraiment.

On devrait répéter sans cesse aux psychologues et aux psychiatres ce qui depuis longtemps aurait dû et devrait encore toujours leur sauter aux yeux: appliquées aux personnes atteintes de psychoses, les méthodes de psychologie éprouvées et valables chez les "névrosés" (et chez les bien-portants "fatigués") ne peuvent que démontrer une seule évidence flagrante et incontournable: c'est qu'elles ne sont plus applicables aux psychotiques, parce que les circuits cérébraux des psychotiques sont abîmés et ne peuvent plus y répondre correctement. Lors des thérapies médicamenteuses, les fonctions des circuits détériorés sont reprises par d'autres circuits, sortes de "voies de délestage imposées" qui ne sont toutefois pas capables d'assumer entièrement ni avec autant d'efficacité les mêmes fonctions que celles exercées par les "circuits intacts et d'origine" des bien-portants.

Et par conséquent, dans les cas de psychose(s), les pseudo-explications psychologiques et les tentatives thérapeutiques basées sur ces mêmes hypothèses psychologiques ne peuvent qu'être dénuées de sens et vouées à un très probable échec; (les règles habituelles de la psychologie intuitive "normale" ne sont plus valables en cas de psychose).

C'est aussi pourquoi "psychologie intuitive normale" et psychiatrie sont distinctes et doivent impérativement le rester. Elles ne peuvent s'attaquer qu'à des problèmes de natures elles aussi différentes, ce que de nombreux psychologues professionnels semblent refuser ou être incapables de comprendre, parce qu'ils refusent d'admettre que le cerveau est une machine biologique. C'est le fonctionnement de cette merveilleuse et fragile machine qui constitue l'esprit et sa manifestation.

De nombreux "psys" protestent encore toujours contre cette vision des choses en disant que "l'esprit n'est pas une machine". Ils auraient en apparence et superficiellement raison tant qu'ils s'en tiendraient erronément à ces seuls quelques cinq mots tout en évitant soigneusement de les justifier. Mais, par aveuglement idéologique, ils se trompent sur ce qu'est l'esprit: ils oublient que l'esprit, ce n'est effectivement pas une machine, mais c'est bien le fonctionnement de cette machine cérébrale biologique (tout comme les mouvements que nous faisons sont le résultat [du fonctionnement,] de la contraction de nos muscles); et quand une machine est défectueuse, son fonctionnement s'altère et se détériore et ne peut être restauré qu'en réparant les défectuosités bien matérielles de cette machine, aussi bien quand celle-ci est "naturelle et vivante" que quand elle est "artificielle, mécanique et fabriquée" par l'Homme.

On ne rétablit ad integrum aucun fonctionnement perdu si on ne répare pas ou ne remplace les organes qui en sont les instruments et acteurs responsables nécessaires et indispensables... à moins d'invoquer des causes et interventions surnaturelles, mais il faudrait alors prouver l'existence de ces dernières. Et le surnaturel n'est certainement pas du domaine ni du pouvoir de la science ni de la médecine [mais bien seulement de l'imagination et du rêve], et moi qui ne suis pas, bien au contraire, un supporter de l'existence des miracles, je ne vais pas me mettre à présent à en défendre la possibilité, alors qu'elle est une absurdité depuis fort longtemps bien démontrée et dénoncée comme telle par de très éminents logiciens et philosophes [David Hume et successeurs, p.ex.] que je n'aurai pas la présomption d'émuler ici ni ailleurs.


Première publication: 12 Août 2013 (J.D.) Dernière modification: 12 Août 2013

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