Crazy par Pete Earley

CRAZY par Pete Earley

A father's search through America's mental health madness

G.B. PUTNAM'S SON'S. New York 2006, ISBN 0-399-15313-6

Ceci est un livre double. Un beau livre. C'est le récit poignant, par son père, de l'histoire vraie d'un jeune homme devenu malade mental psychotique (bipolaire? schizoaffectif? schizophrène?). Son père, journaliste, a eu toutes les peines du monde à le faire soigner correctement, parce que les lois américaines, prétendant ainsi respecter prioritairement les libertés individuelles, ne permettent pas d'administrer à un malade mental, s'il le refuse, le traitement médical dont il aurait pourtant impérativement besoin: pour que sa santé ne se détériore pas plus, pour l'empêcher de commettre peut-être des délits, voire un crime, pour lui épargner par conséquent aussi la prison où les traitements psychiatriques sont parfaitement illusoires, et d'où, si et quand on en sort, on reste à jamais socialement, moralement et physiquement marqué, peut-être définitivement détruit. Alors que tout cela était évitable par un traitement imposé à temps et scrupuleusement poursuivi ensuite.

C'est aussi le reportage terrifiant de ce père, (ex-) journaliste du Washington Post sur le système U.S. de la "Santé Mentale", sur les "annexes psychiatriques" des prisons U.S., et sur les législations absurdes qui, sous prétexte du respect strict des libertés individuelles théoriques, enfoncent les malades mentaux dans leur maladie plutôt que de les aider à s'en sortir. Nos responsables belges de la "Santé Mentale", nos ministres, nos "acteurs et professionnels" de la "Santé Mentale" et les responsables belges de nos "Ligues des Droits de l'Homme" et défenseurs des droits abstraits des malades auraient tout intérêt à lire attentivement cet ouvrage: en effet, la tendance, en Belgique, est de s'aligner sur le modèle U.S. de désinstitutionnalisation (dans les années 1960). Peut-être, s'ils prenaient la peine de cette lecture et d'y réfléchir ensuite, nos "experts" de "Commissions Psychiatrie" de nos diverses associations "de défense des droits" modifieraient-ils enfin leurs conceptions irréalistes et souvent absurdes sur la pratique de la psychiatrie en faveur (?) des malades mentaux chroniques. (Mais lisent-ils jamais d'autre prose que la leur propre et, peut-être, celle qui, d'avance, leur convient chez les autres?)


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