Génétique de la schizophrénie
Florence Thibaut, Thierry d'Amato, Dominique Campion
Ed. John Libbey Eurotext, Paris 2003.
ISBN 2-7420-0430-0
Voici un petit livre (146 pages) qui, enfin, nous change agréablement de la plupart des livres écrits originellement en français traitant de la schizophrénie. Ici, le texte est simple et direct, on ne s'embarrasse pas de circonlocutions, on parle de faits et, manifestement, les auteurs, psychiatres mais aussi scientifiques et chercheurs, montrent bien qu'ils savent de quoi ils parlent.
Comme l'annonce le texte figurant au dos de la couverture, "Ce livre s'adresse avant tout aux médecins, étudiants et chercheurs, mais son approche le rend également accessible à de nombreux lecteurs qui sont confrontés à la schizophrénie, afin qu'ils y puisent des éléments de compréhension."
Je souhaite à ce livre qu'il soit aussi accessible à un public profane le plus large possible, et ne peux que me réjouir de l'initiative, rare mais combien nécessaire, ainsi prise par les auteurs pour tenter de démystifier et de clarifier un sujet qui, d'habitude, est prétexte à tant de mystifications de la part de pseudo-professionnels et d'experts autoproclamés.
Apport des neurosciences à la psychiatrie clinique
Ouvrage collectif coordonné par le Professeur Florence Thibaut (APHP - Hôpital Cochin Paris).
Ed. Springer-Verlag France, Paris 2014 ISBN 978-2-8178-0504-7
Voici le livre (224 pages) [presque tous publics?] dont depuis longtemps j'attendais le jour où il serait écrit, pour mettre et/ou tenir les personnes concernées par les affections mentales chroniques au courant des progrès actuels des neurosciences. Ces progrès sont nécessairement fort lents en apparence, du moins aux yeux des malades et de leurs proches qui en sont habituellement fort mal instruits. L'ampleur de la tâche entreprise par les chercheurs en psychiatrie biologique est à tel point immense que même certains psychiatres, sans doute de tendance plus traditionnellement «philosophique» et «imaginativement spéculative et contemplative», croient encore toujours pouvoir affirmer qu'elle n'avancerait pas vraiment et qu'elle n'apporterait rien à la pratique psychiatrique ¹. Une telle attitude idéologique de dénigrement abusif ne peut être que stérilisante pour la recherche car, en fait, les adversaires de la psychiatrie biologique et empirique, en quelque sorte passivement se contentent de leurs ignorances qu'ils ne s'efforcent pas vraiment de reconnaître; par conséquent, ils ne pensent pas non plus à combler leurs lacunes, activement cette fois, autrement que par de l'imaginaire; de plus, pareille «philosophie» est tristement décourageante, voire désespérante pour les malades et pour leurs proches.
Ce livre est donc important à deux titres: d'abord il instruit le grand public francophone (dont les malades et leurs proches) des avancées du savoir scientifique sur les affections mentales chroniques
et sur ce qu'elles impliquent de prometteur - à échéance plus ou moins proche - pour les diagnostics et les traitements de ces affections;
ensuite, les différents chapitres du livre (au nombre de 12) apportent un très net démenti à tous ceux qui, aujourd'hui encore, (par idéologie?) dénient à la recherche biologique toute réelle utilité pour la pratique et pour la clinique psychiatriques.
Même si certains sujets (génétique et pharmacogénétique, p.ex.) peuvent, de prime abord, être ressentis comme étant d'un accès un peu trop ardu par les lecteurs « lambda », néanmoins on ne peut que chaudement recommander cet ouvrage à tous ceux que l'état actuel des connaissances en psychiatrie intéresse.
(1) François Gonon: "La psychiatrie biologique: une bulle spéculative ? ". Esprit, novembre 2011, pp.54-73