Mis en ligne le 5 février 2010 sous l'intitulé
La structure du cerveau sans plus d'influence
sur sa fonction que si c'était de la sauce blanche?
en réaction à l'article
paru le 15 janvier 2010 dans le n°2051
du Journal du médecin (p.25), intitulé
"Différer le traitement des psychoses est nocif pour le cerveau"
signé de Mr Johan Waelkens

48. "...les psychoses pourraient avoir un effet neurotoxique sur les structures cérébrales mais pas sur la fonction cérébrale."

Voilà ce qu'apparemment Mr Johan Waelkens croit avoir compris (mais on peut sérieusement en douter...) et retenu de ses lectures dont il donne les références bibliographiques (Schizophr Res 2006, 83: 145-53, et Neuroreport 2009;20: 729-34.)
Depuis 2003, nous n'avions plus eu le plaisir de lire la très instructive prose de Mr le pharmacien Johan Waelkens.

Comparée à ses textes précédents, la présente récidive très révélatrice ne leur cède en rien sur tous les plans: celui des connaissances en neurosciences comme celui de la logique. Les chercheurs auxquels Mr Johan Waelkens se réfère sans les comprendre ont seulement montré que la sévérité des symptômes psychotiques est d'autant plus marquée que les traitements sont entrepris plus tardivement (ce qu'on savait déjà). Ils ont aussi constaté que plus on laissait passer de temps entre le début de la manifestation de la maladie et le moment où on mesure un certain nombre de paramètres des structures cérébrales (corticales entre autres), plus ceux-ci sont altérés. Ils n'ont toutefois pas rappelé (et ils n'ont pas non plus pris la peine de le tester) qu'on sait que ces altérations progressent aussi bien en présence qu'en l'absence de traitement neuroleptique, même quand on traite précocement, comme l'avait déjà signalé, p.ex. Mme Nancy Andreasen. Ces dernières observations suggèrent que les traitements neuroleptiques ne protègent ni ne rétablissent les circuits cérébraux normaux (présents mais défectueux), mais permettent d'en forcer d'autres (habituellement dédiés à d'autres tâches) à les remplacer (à la manière des déviations de la circulation routière en cas d'embouteillages, p.ex.).

Dire que les psychoses (un concept sans réel support concret bien défini) ont un effet neurotoxique sur la structure cérébrale mais pas sur sa fonction, c'est un peu comme si on affirmait que trop aimer, p.ex. le cinéma (ou quoi que ce soit d'autre), est toxique pour la structure des muscles du coureur de marathon, mais que cela n'affecte en rien ses performances sportives...

Comment la rédaction d'une gazette pour médecins peut-elle laisser paraître de telles insanités?


Mis en ligne le 5 juillet 2010 sous l'intitulé
La désinstitutionnalisation: nouveau monstre du loch Ness?
en réaction à l'article paru le 04 juin 2010 dans
le n°2087 du Journal du médecin (p.1), intitulé
"Ouverture du grand chantier de la santé mentale"
signé de Mr Vincent Claes

49. "Pourtant, on plaide partout pour la désinstitutionnalisation. [...] Nous nous sommes rendus à Birmingham où nous avons rencontré des experts qui ont réussi cette désinstitutionnalisation."

C'est ce que Mr Vincent Claes a retenu des "explications" que Mme Onkelinx, au nom de tous les ministres francophones (et germanophone) de la santé a bien voulu donner à la presse le mardi 1er juin 2010 dernier. L'article en question ne dit malheureusement pas si les personnes assistant à cette communication gouvernementale ont pu poser les questions que certaines des affirmations ministérielles auraient dû, en quelque sorte automatiquement, amener les assistants à se poser et à poser aussi à Mme la ministre.

Ainsi, par exemple, excepté les théoriciens attardés nostalgiques de Basaglia, quels sont ceux qui, aujourd'hui encore, "plaident partout pour la désinstitutionnalisation", dont on sait pourtant quelles ont pu être les conséquences notoirement néfastes là où elle a été tentée?

Autre question peut-être plus indiscrète: combien nos ministres ont-ils passé de temps à Birmingham pour pouvoir se rendre compte par eux-mêmes de la "réussite" de la désinstitutionnalisation dont les experts britanniques se sont flattés? En d'autres termes, à quoi reconnaît-on une "désinstitutionnalisation réussie"? A la fermeture des instituts psychiatriques?

Que sont alors devenus les résidents qui s'y trouvaient? Combien étaient-ils et quelle proportion de malades mentaux chroniques représentaient-ils par rapport à l'ensemble de la population? Etc., etc.
Sur des sujets aussi importants, on aurait souhaité avoir un peu plus d' "explications".