Q14 - Les neuroleptiques ont-ils une influence négative sur la capacité à se concentrer?

Je l'ai lu sur un site français en date du 27.04.2004. Une responsable départementale de l'UNAFAM (de l'Eure) y rendait les médicaments responsables de difficultés de concentration qui compliqueraient l'accomplissement des tâches de la vie courante. Qu'en est-il en réalité?

C'est une légende totalement erronée, et il est fort regrettable qu'elle soit répandue et perpétuée par des responsables d'associations dont un des rôles principaux est précisément d'informer correctement les malades et leurs proches sur tout ce qui touche aux affections mentales et à leurs traitements.

De nombreuses études scientifiques rigoureusement conduites (en parallèle sur des malades et sur des volontaires non malades d'âges et de niveaux sociaux et d'éducation comparables) ont au contraire clairement montré que les neuroleptiques, (administrés à doses thérapeutiques correctes), amélioraient significativement les capacités de concentration et d'attention des malades schizophrènes, et, par voie de conséquence, amélioraient aussi les performances d'un grand nombre de tests où l'attention soutenue joue un rôle important.

Il est vrai que des neuroleptiques peuvent, surtout quand ils sont administrés à fortes doses (parfois excessives), entraîner, surtout en début de traitement, une sensation de fatigue et de la somnolence, mais ceci est en général passager et ne persiste pas, surtout si la posologie est adéquate.

Insistons à nouveau sur le fait que les déficits d'attention et de concentration rencontrés chez les malades schizophrènes sont le fait de la maladie, ils sont présents en l'absence de tout traitement, ils étaient déjà connus et signalés avant l'avènement des neuroleptiques.

Les neuroleptiques ne rétablissent que rarement toutes les capacités mentales à leur niveau d'avant l'apparition de l'affection. Des déficits persistent, atténués sans doute, mais dont les malades médiqués sont désormais mieux à même de les percevoir qu'en l'absence de médication. C'est alors que certaines personnes, croyant disposer d'une "explication" facile et voulant se montrer "charitables", croient rendre service en rendant, aux yeux des malades, la médication responsable de leurs difficultés résiduelles. Non seulement ces personnes se trompent, mais elles ne rendent pas service aux malades en leur faisant part de cette erreur, car elles les encouragent ainsi à interrompre, voire à abandonner leur traitement, ce qu'il faut absolument éviter.


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