Q15 - Les synapses d'un malade schizophrène sont-elles modifiées? En quoi consistent ces modifications? D'où provient l'excédent de dopamine qu'il faut contrecarrer pour atténuer les signes de l'affection?

Ce ne sont pas toutes les synapses dans l'ensemble du cerveau qui sont modifiées, mais seulement certaines "populations" de synapses (une fraction des synapses à récepteurs D2). Des neurones fabriquant la dopamine sont localisés dans le "mésencéphale" (Groupements "A8, A9, A10") et dans l'hypothalamus ("A12"). Leurs projections axonales (se terminant par des synapses) en se dirigeant vers l'avant du cerveau, forment un large éventail se distribuant dans de nombreux territoires cérébraux (le "striatum" constitué du noyau caudé et du putamen, parfois encore appelé "ganglions de la base", le cortex frontal, le "gyrus cinguli" [cortex médian] et différentes localisations de ce qu'on appelle le système limbique [septum, noyau accumbens, noyaux amygdaliens], voir schéma). Le seuil de sensibilité à la dopamine d'au moins certaines de ces synapses est abaissé (dans le striatum), c'est-à-dire que les neurones postsynaptiques (cibles) deviennent (anormalement) hypersensibles au neurotransmetteur dopamine.
Il n'y a donc pas à proprement parler d'excédent de dopamine dans le cerveau chez les malades "psychotiques". Une analogie avec notre environnement courant permet au profane d'imaginer, à l'échelle visible, un équivalent mécanique de ce qui pourrait se passer à l'échelle ultramicroscopique: ce n'est pas le doigt qui appuie trop fort sur le bouton de sonnette, c'est ce dernier qui s'enfonce trop facilement (ou encore: ce sont les clefs introduites dans les serrures qui tournent trop facilement).
On ne connaît pas encore les altérations biochimiques postsynaptiques responsables de cette hypersensibilité (pourquoi les boutons s'enfoncent trop facilement, ou pourquoi les clefs tourneraient trop aisément dans les serrures). On ne sait pas non plus si seule la sensibilité de ces synapses est accrue, ou si leur nombre pourrait être lui-même augmenté.

Les neuroleptiques actuels se fixent sur toutes les synapses à récepteurs D2 et les "bloquent" sans tenir compte de leur sensibilité, qu'elle soit accrue ou non. C'est ce qui explique les effets "secondaires" qu'ils produisent: des synapses sont bloquées, là aussi où elles ne sont pas responsables des signes de l'affection: ce bloquage est responsable des SEP (signes extrapyramidaux observés dans le "syndrome parkinsonien").
(voyez aussi: Wikipedia et Seeman, P. & al., PNAS 102 (9), 3513-3518, 2005, Open Access)


Système dopaminergique
(schéma en projection latérale)


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