Q2 - Un membre de ma famille (ou de celle de mon mari), que je n'ai pas connu, était malade mental. Y a-t-il un risque pour l'un de mes enfants?

Des facteurs génétiques jouent effectivement un rôle dans la distribution de certaines maladies mentales dans la population. Par exemple, on sait depuis longtemps que certaines familles comptent plusieurs cas de malades mentaux, parfois répartis sur plusieurs générations (l'influence de facteurs génétiques n'est pas une particularité propre aux affections mentales; elle vaut aussi pour de nombreuses autres affections, dont les troubles cardio-vasculaires, les diabètes, les excès pondéraux, etc., etc.).

Le risque est estimé approximativement et de manière statistique. Pour "la" schizophrénie comme aussi pour les troubles bipolaires (maniaco-dépression), on l'évalue à 1% de la population générale (tout le monde), pour la dépression psychiatrique majeure le risque général serait de 3% . Les études sur les familles montrent que, chez les apparentés au premier degré avec un malade (enfants directs, frères et soeurs), ces risques généraux sont multipliés par 3 dans le cas de la dépression unipolaire, par 8 pour les troubles bipolaires, par 9 pour les frères et soeurs de schizophrènes, par 13 pour les enfants de schizophrènes (par 45 si les deux parents sont atteints de schizophrénie!)

Rappelons quand même que, prenant l'exemple de la schizophrénie, si on peut considérer qu'un risque de 9 % est effectivement élevé (9 fois celui relevé dans la population en général), la grande majorité des schizophrènes (91%!) n'ont cependant pas de parent au premier degré qui soit atteint. Pour une parenté plus éloignée, bien évidemment le risque diminue très rapidement.

Si vous hésitez à avoir des enfants par crainte des risques qu'ils encourraient peut-être du fait d'antécédents familiaux de maladie mentale chronique grave, vous pouvez prendre conseil auprès d'un généticien. Les grands services hospitaliers d'obstétrique et gynécologie, mais aussi la plupart des services de planning familial (dont les maternités, mais rarement les psychiatres individuellement!) sont en mesure de vous orienter vers des spécialistes compétents qui vous aideront à apprécier justement (à mesurer) les risques et à prendre une décision en toute connaissance de cause et avec sérénité.


Statistiques schizophrénie
Gènes en commun Liens de parenté avec la personne malade Risque statistique de développer une schizophrénie
100 % Vrais jumeaux (monozygotes) 48 %
50 % (premier degré) Faux jumeaux (dizygotes)
Enfants
Frères et soeurs
Parents
17 %
13 %
9 %
6 %
25 % (deuxième degré) Demi-frères et demi-soeurs
Petits enfants
Neveux et nièces
Oncles et tantes
6 %
5 %
4 %
2 %
12,5 % (troisième degré) Cousins germains 2 %
Source: Irving Gottesman, 1991 Population générale 1 %


Menu Articles