Q4 - Dépression et troubles bipolaires (maniaco-dépression) ne sont abordés qu'incidemment sur ce site. Pourquoi?

Ce site est un site familial et ceux qui le gèrent ont le triste privilège d'avoir été et d'être encore confrontés avec la schizophrénie parce que cette calamité a frappé l'un des leurs.
Les troubles schizophréniques sont, en apparence, beaucoup plus multiformes que les "désordres de l'humeur" et semblent beaucoup plus incompréhensibles et mystérieux à tous, ce qui entraîne, à leur sujet, la prolifération d'explications toutes plus fumeuses et plus stupides les unes que les autres. Cela nous a encouragés à accorder plus de temps et d'espace à un ennemi qui nous paraissait plus proche.

Les troubles bipolaires paraissent plus "compréhensibles" aux profanes, leurs manifestations sont, en général, plus cohérentes et "structurées" que celles des troubles schizophréniques. On dit par conséquent peut-être un peu moins d'âneries à leur propos. Cela ne signifie aucunement que les victimes de troubles bipolaires souffriraient moins que les malades schizophrènes, bien au contraire. En effet, "l'humeur noire" est si envahissante dans tous les domaines que, souvent, elle ne peut être supportable. Mais on croit mieux comprendre ces personnes-là (ce dont, personnellement, je ne suis pas sûr: personne ne peut jamais vraiment se mettre à la place d'un autre, et encore moins quelqu'un de bien portant se mettre dans la peau d'un malade mental: c'est un non-sens).

Il faut cependant savoir que la distinction entre "troubles de l'humeur", c.à.d. "dépression psychiatrique unipolaire", "troubles bipolaires ou maniaco-dépression", d'une part, et "troubles de la pensée" comme "schizophrénie", "troubles borderline" et "troubles schizo-affectifs" d'autre part, est intuitive, arbitraire, contestable (et d'ailleurs source de disputes entre les psychiatres eux-mêmes) car basée uniquement sur la nosologie psychiatrique qui ne fournit aucun indice réellement fiable sur la validité de ses diagnostics (ceci est exposé en détail dans les notes du dossier sur "la" schizophrénie).

Tous les "degrés" de transition insensible existent entre les "troubles de l'humeur" et les "troubles de la pensée". Mais il faut aussi ne jamais oublier que le "déséquilibre" de l'humeur, qu'il se traduise par de la "manie" ou par de la "dépression", met toujours en grand péril les capacités de pensée (de raisonnement) et donc de décision "sensée". Tous les choix qu'on est amené à faire à chaque instant de sa vie, bien qu'on croie trop facilement qu'ils n'ont de base que rationnelle, sont toujours profondément enracinés dans nos humeurs (notre "affect"), ils en dépendent. C'est pourquoi "troubles de la pensée" et "désordres de l'humeur" sont bien plus liés que les classifications nosologiques psychiatriques ne pourront jamais en rendre compte.


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