Chap. V-1
Note 3

Atténuation des symptômes et signes aigus avec l'âge.

Que les symptômes et signes aigus s'atténuent avec l'âge ne signifie nullement que la schizophrénie serait "une maladie qui a tendance à s'améliorer toute seule" (sic) comme parfois certains psychiatres canadiens francophones sembleraient le croire et vouloir nous en persuader (en guise de consolation?).

Une autre interprétation me paraît plus plausible.
La liaison étroite des sentiments et des émotions avec les raisonnements et la logique (la pensée) semblerait se relâcher à la longue chez les malades: soit que ces émotions effectivement perdraient en intensité avec l'âge - comme cela se peut se produire chez de nombreuses personnes âgées (on dit qu'elles "s'assagissent") - , soit que les connexions neuronales entre d'une part l'hippocampe, l'amygdale, le septum (le "rhinencéphale") et d'autre part le cortex préfrontal (et temporal) se raréfient progressivement (raréfaction constatée, et par ailleurs accélérée par l'affection).

Une disparition accrue de neurones dans différents territoires corticaux a été observée par imagerie et pourrait rendre compte d'une accentuation graduelle des signes négatifs de certaines schizophrénies, tandis que les signes "positifs", par contre, montreraient, par contraste, une relative atténuation corrélée avec un affaiblissement de l'affect (mais ceci n'est qu'une hypothèse qui m'est personnelle).

Avec l'âge, les malades schizophrènes deviendraient "plus calmes", c.-à.-d. que leurs crises seraient moins spectaculaires, moins agitées et mobilisant (dérangeant) moins les "soignants" devant prendre les malades en charge.
Cependant, appeler cela une amélioration spontanée de l'affection me paraît plutôt trahir la volonté de prendre ses désirs pour la réalité; ou, peut-être encore, l'expression du soulagement éprouvé par certains thérapeutes heureux d'être désormais moins sollicités par des patients vieillissants.


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