III. Comment la schizophrénie se manifeste-t-elle?
     Comment cela commence-t-il ?

III-2. Début de la maladie: signes et symptômes précoces

Le plus souvent et en apparence, la maladie se déclare en quelques semaines, ce qui se marque par des altérations sensibles du comportement, accompagnées d'une baisse de rendement des prestations du malade, le dérangement du raisonnement, des attitudes grossières, le repli sur soi et le maintien à distance de ses amis et sa famille, l'apparition d'idées délirantes et d'hallucinations qui finissent alors par imposer le traitement médical.

l'esprit de la tempête planeL'affection peut débuter insidieusement. Dans ce cas, le plus souvent le diagnostic n'est pas posé précocement 5, car le malade vivant en permanence avec ses proches, ceux-ci n'ont pas, au départ, leur attention spécialement attirée par des bizarreries ou petits changements graduels de discours ou de comportement pouvant passer inaperçus ou être pris comme étant anodins. Les signes dits "chroniques", ou "résiduels", ou encore "négatifs" 6, comme l'inactivité, la froideur des sentiments, l'apathie ou l'apparente indifférence pour des sujets ou des activités qui auraient auparavant interessé le malade, peuvent soit précéder, soit suivre une phase aiguë, ou bien même n'être jamais entrecoupés de crises aiguës. Rétrospectivement, les parents d'enfants schizophrènes peuvent parfois se souvenir que leur enfant, encore petit et à l'âge de l'école, était déjà différent de ses frères et soeurs: plus malhabile, gauche, exagérément distrait, ayant moins de sens pratique. C'était peut-être un enfant qu'on voulait un peu "gâter", car requérant plus de soins que ses frères et soeurs. Cela pouvait encore être un enfant qui, très précocement, surprenait souvent par ses remarques ou ses réactions inattendues pouvant passer pour "géniales" ou pour un humour déconcertant, mais qui surprenait plus encore par son obstination à ne rien accepter de faire qu'"à son idée", et par son indifférence tant aux récompenses qu'aux punitions de l'institutrice.

Pour un malade donné, certains signes avant-coureurs de la maladie sont remarqués par les proches, même si, pris chacun isolément, ils peuvent encore sembler correspondre à une réaction "normale" aux circonstances; ils permettent cependant de repérer le début manifeste de la maladie - mais cela, malheureusement, rétrospectivement, c'est-à-dire seulement après que, par leur répétition, on ait appris à les reconnaître . Ce sont en effet les mêmes signes et "symptômes" qui ont tendance à se reproduire chez la même personne et qui peuvent avertir les proches prévenus de l'imminence d'une [nouvelle] "rechute" d'une maladie déjà installée.

Les manifestations précoces suivantes peuvent précéder l'apparition de la maladie:

Bien sûr, ces signes avant-coureurs - isolés ou multiples - ne donnent a priori aucune certitude quant à la prochaine, c-à-d la première apparition prochaine d'une schizophrénie; ils peuvent simplement n'être que la manifestation d'une imagination passagèrement surmenée ou la réaction à une situation exceptionnellement éprouvante: perte d'un emploi, deuil d'un parent, p.ex. Ce sont néanmoins des signaux d'alarme auxquels il faut prêter attention (ce qu'on ne peut faire, bien entendu, que si on est prévenu, c'est-à-dire s'il ne s'agit pas d'un premier épisode).

A chaque "crise", la répétition des mêmes signes chez la même personne permet habituellement aux proches, s'ils ont bien observé ces signes et les reconnaissent, de pressentir la survenue de la prochaine exacerbation de l'affection (la prochaine "crise" ou "rechute" 7). Les rechutes s'annoncent le plus souvent par:


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