"It is of profound importance that the ordinary citizen should not overestimate the intellectual status of psychiatry (and, of course, psychology). As a profession, psychiatrists have nothing approximating a workable theory of mental life. Ideally, treatment should be rationally-based in an agreed theory but there isn't one. Instead, diagnosis and treatment have become an exercise in the politics of committees, alternately fuelled by drug companies or hosed down by governments that don't want to know. There are no votes in mental disorder, so just keep it quiet."
Dr N. McLaren
"Il est très important que le prestige intellectuel de la psychiatrie (et bien sûr de la psychologie), ne soit pas surévalué par le citoyen ordinaire. Dans leur profession, les psychiatres ne disposent de rien qui s'approcherait d'une théorie applicable du psychisme. Idéalement, les traitements devraient se baser rationnellement sur une théorie [généralement] admise, mais il n'y en a aucune. En lieu et place, les diagnostics et les traitements sont devenus un exercice politique au sein de comités, [exercice] tantôt alimenté par les firmes pharmaceutiques, tantôt enterré [noyé - J.D.] par les gouvernements qui préfèrent ne pas savoir. Les malad(i)es mentales ne votent pas, par conséquent ne faisons surtout pas de vagues."
Quelques indices encourageants d'une relative PRISE de CONSCIENCE
et d'un lent PROGRÈS des CONNAISSANCES, alors que pourtant
persistent d'innombrables exemples d'une nonchalante CÉCITÉ SÉLECTIVE
(et d'une confortable IGNORANCE ORDINAIRE?)
*** À QUI PROFITE LE CRIME ? ***
Depuis plusieurs mois, la presse (francophone) quotidienne et hebdomadaire, comme aussi les médias en général, semblent un peu plus circonspects qu'auparavant dans leurs affirmations relatives aux maladies mentales chroniques et aux résultats observables (et dûment constatés) des traitements qu'on leur applique. Par souci d'optimisme, je voudrais pouvoir interpréter cette modeste tendance comme étant l'indice d'une évolution souhaitable et encourageante - bien que discrète. Elle peut en effet sembler [enfin!] tenir compte d'une réalité qui avait commencé à naître dans les consciences il y a déjà longtemps (au siècle dit "des Lumières"). La matérialité de la réalité bien physique responsable des manifestations de "l'ESPRIT", pourtant évidente - mais aux yeux de seuls ceux qui, ne s'enfermant pas dans leurs rêves, ne refusent pas de la voir - , a depuis lors été solidement démontrée par les neurobiologistes, quoique cette démonstration n'ait été apportée de manière irréfutable qu'au XXème siècle, c'est-à dire bien longtemps après le siècle des Lumières.
La "Réalité" physique du monde, telle que chaque jour elle est scientifiquement découverte, observée et confirmée, va à l'encontre d'un corpus d'idées reçues et de croyances véhiculées et entretenues au cours des siècles par diverses traditions de "pensée" purement spéculative: philosophiques, mythologiques et religieuses. Peut-être par habitude et par confort voire paresse de pensée, une importante fraction, sinon une majorité de nos contemporains répugne encore aujourd'hui à réévaluer ces croyances datant d'un autre âge moins éclairé. Cette majorité ne corrige pas ses croyances ou ne s'y risque que forcée, malgré elle, avec d'infinies réticences, elle ne les met pas en conformité ni même ne tente de les accommoder avec la masse soudainement devenue trop abondante et trop complexe (pour nombre d'entre nous) des connaissances du monde nouvellement acquises. Pourtant, ce monde où nous sommes plongés, nous n'avons pas le droit d'oublier que non seulement nous en sommes issus, mais que nous en faisons encore et depuis toujours partie: nous devrions donc être très intéressés à le connaître au mieux de nos capacités intellectuelles, afin de bien le comprendre et de gérer intelligemment nos rapports obligés avec lui.
Bien que graduellement croissante, l'actuelle prise de conscience (et peut-être la compréhension) de tout ce qui fondamentalement distingue d'une part notre savoir, c'est-à dire la véritable connaissance empiriquement et rationnellement acquise (et expérimentalement validée), de nos croyances d'autre part, c'est-à dire cette fois de la pure spéculation par la seule imagination que certains veulent croire dégagée de toute contrainte imposée par le réel, cette prise de conscience est malgré tout souvent encore comme hésitante, partielle et assez timide. Sa progression au travers des diverses couches de la société ne s' y étend, en quelque sorte elle n'y suinte que goutte à goutte.
En diffusant trop lentement, les retombées
(de savoir) disséminées grâce à une instruction
moderne pertinente (mais aujourd'hui souvent désorganisée,
fragmentée, confuse ou incohérente voire dépassée
ou impuissante face à l'immensité de la tâche qui lui
est dévolue) n'atteignent qu'une fraction restreinte de ces composantes-là
de la société qui, traditionnellement, devraient sans doute
être les plus capables et les mieux placées pour informer correctement
et influencer (instruire et éduquer) significativement l'opinion
publique dans son ensemble. Une fraction de l'opinion publique assurément
plus importante qu'avant commence peut-être (mais le numérateur
éclairé de la fraction ne croît que lentement, tandis
que le dénominateur tend à s'emballer!), à reconnaître
et à admettre, quoique souvent encore comme à contrecœur,
par exemple que les maladies mentales chroniques graves (les "psychoses")
sont bien la manifestation d'altérations physiques,
c'est-à dire très matérielles,
consécutives à des atteintes tout à fait physiques,
qui abîment la composition et la structure du cerveau, cet organe nécessairement
bien biologique et lui aussi
tout matériel.
Cette salutaire mais ô combien tardive et encore balbutiante reconnaissance
de la matérialité des affections mentales,
qui toujours peine à se répandre dans le public et à
s'implanter dans les consciences, est néanmoins quelque peu stimulée
et encouragée par le constat continuellement renouvelé et confirmé
des effets correcteurs (palliatifs ou thérapeutiques?) des
médications psychotropes (les neuroleptiques, stabilisateurs de
l'humeur, anxiolytiques, antidépresseurs, etc.,) sur les manifestations
pathologiques des psychoses. A son tour cette observation justifie de poursuivre
activement, obstinément et sans relâche les efforts de la recherche
scientifique biologique sur les mécanismes biologiques du fonctionnement cérébral. C'est là ce que certains
pourraient appeler une "spirale positive" (plus exactement une
boucle de rétroaction ou "feedback positif" aux propriétés
heureuses dans le cas présent, puisque ses effets souhaitables vont
en s'amplifiant plus ou moins vite à chaque tour de boucle).
Toutefois, les chercheurs
scientifiques habituellement n'exposent ni n'expliquent, au public,
assez simplement et clairement les implications (les conséquences théoriques
et pratiques) de leurs nouveaux savoirs à ceux qui n'en ont pas fait
eux-mêmes la/les découverte/s (les psychiatres praticiens, les
psychothérapeutes, les journalistes, le public). Si bien que, dans
le grand public (et souvent même chez les praticiens de terrain
de la "santé mentale"), les connaissances nouvelles
ne délogent qu'à grand-peine, des esprits crédules où
elles s'étaient incrustées au fil de nombreuses générations,
les anciennes croyances qu'aujourd'hui elles réfutent pourtant clairement.
Cette inertie intellectuelle très généralement répandue
persiste en dépit du développement et de l'accélération
fulgurante des moyens actuels de diffusion de l'information, tels qu'Internet
pour ne citer qu'un exemple parmi bien d'autres disponibles.
Une autre manière d'exprimer ce constat est de dire que les
chercheurs scientifiques, qui pourtant sont précisément
ceux qui, en principe, connaissent le mieux la signification, l'intérêt
et l'importance pour l'humanité des travaux qu'ils mènent, laissent
d'habitude à d'autres, en général beaucoup
moins informés et surtout moins qualifiés et moins instruits
qu'eux de ces sujets, le soin de faire connaître
et comprendre aux "profanes" les résultats de leurs
recherches et leurs "découvertes".
Par conséquent, même si l'indéniable
utilité des traitements médicamenteux des psychoses commence
à être universellement reconnue, les profanes (et peut-être
pas seulement eux!) sont encore tiraillés entre des opinions et
croyances contradictoires dont beaucoup ont été controuvées,
et ils conservent des idées fausses au sujet des affections mentales
et des "soins psychiatriques".
• à un extrême, on trouvera ceux à
qui certains professionnels auront laissé croire que les médicaments
psychotropes qu'ils prescrivent guérissent "habituellement"
[toutes] les psychoses [en général] - et en
particulier précisément celle de leur proche parent malade.
Si, par la suite, on s'aperçoit que la thérapeutique choisie
ne tient pas vraiment les promesses qu'on annonçait, soit on augmentera
la posologie du médicament prescrit, soit on ne pourra qu'en essayer
un autre (de préférence de fabrication plus récente,
et on pourra ainsi montrer - en passant - qu'on est à la page, "à
la mode" et "progressiste"); on laissera croire que ce nouveau
et tout dernier psychotrope est nécessairement "meilleur"
que le précédent, bien qu'en fait on n'en sache rien et que
ce n'est là qu'une affirmation en l'air dont on espère se persuader (cf. la méthode Coué). Mais attrape-t-on jamais les
mouches avec du vinaigre?
• à l'autre extrême se rencontreront ceux dont les soignants affirment que les neuroleptiques sont toxiques et destructeurs pour le cerveau. Pour dire cela, ils se réfèrent à des études d'imagerie cérébrale conduites, par exemple, sur des singes macaques en bonne santé(!), études validées par des méthodes histométriques dont la précision prétendument élevée n'est, à mon avis, en réalité qu'apparente et discutable (pour des raisons techniques) [5].Elles autorisent néanmoins certains à croire et à dire qu'il vaut mieux se passer des neuroleptiques (ils veulent croire cette abstinence possible), une solution (?) qui alors reçoit la préférence. Pour ceux-là, on tente donc de s'abstenir des traitements médicamenteux; en lieu et place de médication, les malades sont dès lors confiés au seul accompagnement plus ou moins épisodique de thérapeutes, qui souvent se bornent à affecter de les écouter, qui leur parlent, qui parfois les "occupent" à des tâches dites "occupationnelles" (forcément...) mais dont la qualité "revalidante" serait plutôt hypothétique, basée plus sur un espoir (wishful thinking) que sur une réalité vérifiée. Dans une majorité de cas, pareille attitude thérapeutique ne fait preuve que d'une efficacité pour le moins tout aussi imprévisible que contestable. Mais on peut aussi, sans grands risques de se tromper, imaginer que, fort vraisemblablement, cette apparence d'activité mobilise et occupe les "thérapeutes" d'autant plus longtemps et d'autant plus "intensivement", aux yeux de ceux qui en sont les témoins non avertis, qu'elle réussit moins bien auprès de leurs patients.
Entre ces deux pôles extrêmes, on
peut trouver toutes les attitudes intermédiaires où l'on s'obstine,
en refusant de voir les contradictions voire l'absurdité inhérente
à pareille démarche, à concilier par des raisonnements
captieux, d'une part anciennes croyances simplistes sur la nature immatérielle
et "spirituelle" de "l'esprit", de la "conscience"
et des maladies mentales, avec, d'autre part, ce que plusieurs décennies
de biologie et de médecine expérimentales ont enfin commencé
de nous apprendre vraiment sur le fonctionnement de notre cerveau, (cette
extraordinaire machine biologique, ne vous déplaise).
Sur certains sites belges d'Internet consacrés à la psychiatrie,
des comités de rédacteurs "psys" professionnels affirment
encore, visiblement à l'intention des seuls profanes et sans par conséquent
citer les sources sur lesquelles ils s'appuient pour justifier ces allégations:"Malgré
l'apparition de nouveaux traitements, qui sont associés avec l'occurrence
de moindres effets désagréables, amenant à une amélioration
de la qualité de vie, seul un patient sur cinq peut dire qu'il ne subira
plus les effets de la maladie. Par ailleurs, ces avancements (sic) n'ont pas rendu possible la réduction du taux de suicide, qui reste d'une personne sur dix " [1] (j'ai souligné - J.D.).
D'autres "psys" par contre, faisant état d'études
multicentriques publiées et portant sur des nombres de cas fort importants
arrivent à des conclusions très différentes quant au
contrôle de la morbidité et surtout du "taux des suicides". [2],
[3],
[4]
Malgré les prétendus progrès
de la psychiatrie aujourd'hui claironnés de toutes parts, on rencontre
encore toujours des parents et des proches de malades qui continuent de croire
que les récits fantasmatiques que leur malade [mental] parfois ou même
souvent peut leur débiter sont des mensonges délibérés,
des mensonges proférés avec des intentions suspectées
d'être "malignes", et ils ne parviennent pas, et parfois même
ne veulent pas voir la différence
qu'il y a entre des idées et convictions délirantes morbides
et des mensonges délibérés, "intéressés
ou pervers" (certains m'écrivent cela...). Est-ce parce
que les thérapeutes leur insufflent ces convictions, ou parce que ces
thérapeutes ne prennent pas la peine ni le temps d'expliquer
aux parents la distinction entre véritables mensonges sciemment
voulus comme tels et convictions délirantes morbides mais
sincères? Ne la verraient-ils pas
eux-mêmes, cette erreur pourtant flagrante, ou serait-elle vraiment
si difficile à concevoir soi-même d'abord et à faire comprendre
aux autres ensuite?
Il y a encore de nos jours des malades, à qui manifestement leurs
thérapeutes ont "bourré le mou", qui
continuent d'accuser leur mère (ou leur père) d'être responsable
de leur schizophrénie (certains me l'ont écrit il y a peu
encore...). Il y a pourtant belle lurette que le mythe de la mauvaise
"mère schizophrénogène" (de Frieda Fromm-Reichmann) a été démystifié et dénoncé, mais
le mythe se survit parce que certains thérapeutes sans doute trouvent
commode et pratique de continuer d'y croire.
Par la faute de cette légende dépourvue de toute base autre
que purement imaginaire qui avait germé dans la tête d'une psychiatre
allemande (qui officia depuis 1935 et pendant 22 ans à la Chestnut
Lodge, une institution près de Washington DC où l'on "traitait"
les malades schizophrènes par la psychanalyse!), ils se refusent
à voir que les conflits, les éventuels
sentiments de haine, les ressentiments entre les parents et leur enfant malade
sont la conséquence très prévisible
d'une incompréhension mutuelle résultant de l'affection biologique méconnue, qu'ils ne sont pas la cause de
celle-ci; mais pour les parents, leur enfant est devenu "mauvais",
ils ignorent encore qu'il est malade. Quant à l' "enfant",
il se persuade de son côté que ses parents ne le comprennent
pas et le martyrisent, qu'ils le rendent malade par une sorte de volonté
ou de plaisir (?) sadique (alors que, sans le savoir lui-même, il
est malade à l'origine). J'ai déjà dit ailleurs
(v. fin de Démission) combien cette méconnaissance
de la maladie et de ses causes biologiques plutôt que psychologiques,
et combien la confusion des causes biologiques
et des effets psychologiques peuvent à
elles deux faire de dégâts dans les familles.
De nombreux parents de malades (mais pas
seulement eux! Mais aussi des "psys"!) n'admettent toujours
pas que les affections psychiatriques chroniques sont causées, au moins
en partie, par des facteurs génétiques. En effet, dans l'esprit
de ceux-là, génétique est synonyme d'héréditaire,
de congénital, de fatalité
inéluctable
comme le serait une prédestination, puisqu'elle
impliquerait la responsabilité des chromosomes de l'un ou l'autre des
deux parents, c'est-à dire pour eux la "culpabilité"
(!?) de celui ou celle qui serait porteur/porteuse des "mauvais"
gènes présents sur ces chromosomes.
On ne leur rappelle pas assez que
les troubles mentaux chroniques résultent de la présence de
multiples gènes (dont seuls certains sont déjà identifiés),
les uns pouvant provenir de la mère, les autres de la lignée
paternelle, formant ainsi des combinaisons de gènes dont certaines
représentent [seulement!] un risque
accru plus ou moins grand de développer, à un moment ou à
un autre de la formation du cerveau, une anomalie structurelle
et par conséquent fonctionnelle
de cet organe. Mais souvent ils croient que facteurs génétiques
et influences environnementales sont indépendants les uns des autres,
voire s'opposent ou sont en quelque sorte mutuellement exclusifs.
Les professionnels ne leur ont pas assez expliqué que ces constellations de gènes "fautifs" à elles
seules ne suffisent pas à entraîner à coup sûr le
développement de l'affection mentale. Bien qu'on répète
aux profanes que "les gènes, ce n'est pas la destinée",
ce n'est là qu'une sorte de slogan à l'emporte pièce
auquel on peut se contenter de croire - ou ne pas croire - sans en saisir
réellement le sens ni la justification.
Tous les biologistes et tous les médecins (et les médecins psychiatres
eux aussi!) désormais savent, et une bonne partie du grand public aujourd'hui
sait, elle aussi, que chacune des innombrables
cellules de notre corps contient dans son noyau la totalité
de notre patrimoine génétique (à l'exception
de nos globules rouges qui sont dépourvus de noyau, et de nos gamètes
qui ne possèdent plus qu'une moitié de notre ADN).
Pourtant, pourquoi nos professionnels n'expliquent-ils
pas aux profanes comment il se fait que chacune de ces cellules,
en se "multipliant", à son tour ne donne pas naissance à
un individu entier et complet grâce à l'ensemble complet des
gènes dont elle dispose? (Ne le devrait-elle pas, puisque tous
les gènes sont là, qui le lui permettraient?)
Ils n'expliquent pas que les gènes de
nos cellules ne sont actifs ou inactifs qu'en fonction de l'environnement
dans lequel la cellule qui les contient est plongée,
si bien que, parmi bien d'autres exemples possibles, une cellule hépatique
adulte, entourée de cellules du foie, ne pourra elle-même donner
naissance qu'à d'autres cellules hépatiques. Cela est vrai des
cellules de tous nos organes (y compris celles de notre cerveau).
Je ne donne cet exemple raccourci et fort simplifié, et par conséquent
simpliste, que pour bien faire comprendre que nos gènes ne nous imposent
rien qui ne soit à tout moment influencé, c'est-à dire
soit permis et peut-être favorisé, soit contrarié ou empêché
par les conditions ambiantes dans lesquelles ils baignent: gènes et
milieu sont interactifs, la génétique sans environnement, c'est-à
dire dans le vide, cela n'a aucun sens.
Mais cela implique aussi que les conditions ambiantes, c'est-à dire
le milieu dans lequel une personne se développera et les évènements
auxquels elle sera confrontée, si "défavorables" ou
"néfastes" qu'ils soient ou qu'on veuille les interpréter,
ne seront jamais responsables du déclenchement d'une psychose, par
exemple, que si cette personne possède (au préalable)
précisément les gènes défectueux ayant entraîné le développement de structures cérébrales
anormalement sensibles à certains évènements extérieurs (c'est ce que les psys résument sous le nom ronflant de modèle
vulnérabilité - stress).
Malheureusement, cette fragilité ("vulnérabilité")
éventuelle n'est aujourd'hui détectable, c'est-à dire
qu'elle ne se révèle que si elle est la cible de circonstances
ou d'un évènement qui sont spécifiques de cette fragilité.
Quand survient cette rencontre de "l'évènement-clef"
avec la serrure de la "vulnérabilité" jusque là
insoupçonnée qui lui correspond, il est trop tard pour empêcher
la porte de la psychose de s'ouvrir. Mais chez une autre personne, le même
"évènement-clef" pourrait très bien se heurter
à une serrure différente ou tout simplement à une absence
de serrure, aucune porte alors ne s'ouvrirait et le même évènement
ne serait alors pas considéré (identifié) comme néfaste
et "déclenchant", il ne serait pas une "clef"(en
langage courant - et parfois un peu trivial en certaines circonstances anecdotiques
particulières et plus ou moins mémorables - , certains pourraient
dire que ce qui touche l'un(e) peut fort bien laisser un(e) autre tout à
fait indifférent(e) ).
La détection de
la vulnérabilité n'étant actuellement possible que par
le constat de ses conséquences lorsqu'elles se manifestent, le diagnostic
ne peut donc jamais en être que rétrospectif, et la prévention
dite "primaire" n'est pas possible aujourd'hui.
Comment pourrait-on savoir à l'avance ce qui n'est déclenchant
que pour certains, alors que cela ne l'est pas pour la généralité
des autres? Mais quels sont les professionnels qui expliquent et font comprendre
cela clairement?
En conclusion, l'efficacité des médicaments psychotropes sur les manifestations des affections mentales, bien que partielle et limitée, est une des preuves de la matérialité des causes de ces affections. Des mesures sociales d'accompagnement doivent s'adjoindre aux traitements médicaux pour compléter, pallier et peut-être parfaire ce que ceux-ci ne peuvent encore accomplir
Il serait grand temps qu'une majorité de praticiens professionnels de la "Santé Mentale" de terrain, après avoir effectivement remis à jour leurs connaissances auprès des scientifiques spécialisés en neurosciences, fassent un réel effort de pédagogie actualisée tant envers les politiques qu'à l'intention de la population en général et des familles de malades. Est-ce vraiment trop leur demander?
[1] http://fr.psychiatrie.be/bgdisplay.jhtml?itemname=nonprofbackschiz010
[2] Wagstaff, A., & Perry, C. CNS Drugs. 2003; 17(4):
273-80, 281-283
[3] http://archpsyc.ama-assn.org/cgi/content/abstract/60/1/82
[4] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19595447?dopt=Abstract
[5] Dorph-Petersen, K.A. et al., Neuropsychopharmacology
(2005) 30, (1649-1661)
Première publication: 12 Octobre 2009 | (J.D.) | Dernière modification: 12 Octobre 2009 |