Chap. VI
Note 2

Ce que recouvre en réalité le terme passe-partout "soins psychiatriques".

En quoi donc consistent concrètement, dans la grande majorité des institutions psychiatriques de la partie francophone de notre pays, ce qu'on appelle d'un bel euphémisme: les "soins psychiatriques" (qui devraient viser à "soigner")?

Conformément aux connaissances scientifiques et techniques actuelles de nos psychiatres sur les causes et mécanismes des psychoses, les "soins" ne peuvent être, forcément, que de nature plutôt "platonique" (on ne peut que le déplorer, pas le reprocher). Ils se bornent généralement à la distribution des médicaments (neuroleptiques, anxiolytiques, antidépresseurs, etc.), à s'assurer de l'hygiène corporelle, de la régularité des horaires quotidiens: de l'alimentation plus ou moins correcte, des heures de repos et de sommeil.

Somme toute, la plupart des "soignants psychiatriques" n'ont qu'un rôle de surveillance, ce sont en quelque sorte des gardes-malades au rabais. Ceux que n'effraient pas les jeux de mots douteux pourraient dire que nombre de ces "soignants" ne sont pas mieux considérés que de simples garde-fous, des surveillants chargés du maintien de l'ordre et de veiller au respect des règlements (comme les matons dans les prisons).

Pourquoi s'étonner alors qu'on ne puisse (ou ne veuille?) recruter comme personnel soignant psychiatrique que des infirmières et infirmiers psychiatriques certes de bonne volonté au départ, mais en nombre insuffisant et d'un niveau de formation loin de correspondre aux exigences qu'impliquent les objectifs annoncés de revalidation?

Les "soignants psychiatriques" ne peuvent à juste titre être que modérément motivés par la nature des "soins" et des "activités ergothérapeutiques et éducatives" d'une remarquable indigence d'imagination, ainsi que par les résultats décevants auxquels ces méthodes aboutissent.

On doit simplement ne jamais faire l'amalgame, à cause du nom, des "soins psychiatriques" et des "soins médicaux". Ils n'ont rien en commun. On a trop tendance à gommer cette distinction et à l'oublier. Peut-être faudrait-il plutôt s'habituer à dire que les soignants psychiatriques s'efforcent de "prendre soin", comme ils peuvent, des malades qu'ils doivent accompagner.


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