Chap. VII
Note 1

Un diagnostic aussi précoce que possible.

Le diagnostic aussi précoce que possible est souhaitable parce qu'il est la condition nécessaire pour instaurer un traitement lui aussi le plus précoce possible. Ceci ne correspond pas à une véritable prévention, comme on a parfois tenté de le laisser croire.

En réalité, le traitement aussi précoce que possible tente de limiter du mieux qu'on peut les "dégâts"dès qu'ils apparaissent. Il réduit ainsi l'intensité des signes de l'affection et parfois leur nombre. Il permet par conséquent à des gens jeunes de fonctionner malgré leur affection. Il leur permet d'acquérir les "compétences" sociales, l'instruction, les connaissances et les capacités professionnelles quand il en est encore temps, avant que cette affection ne les en rende éventuellement incapables: il est plus facile de conserver au moins une part de ce qui a déjà été acquis que de tenter de l'acquérir plus tard, alors que les moyens d'y parvenir se sont détériorés.

De plus, pourquoi attendre d'instaurer un traitement neuroleptique? Pour inutilement prolonger les difficultés dans lesquelles les malades non médiqués se débattent et ainsi compromettre encore plus leur avenir ?

La protection que le traitement neuroleptique peut sembler apporter contre l'évolution défavorable de l'affection schizophrénique est encore controversée, et peut-être l' importance relative de cette protection, (si celle-ci est réelle, ce que nous ne savons en réalité pas) dépend-elle de la "variété" de schizophrénie que l'on combat et des propriétés pharmacologiques des neuroleptiques mis en oeuvre dans chaque cas. Certains psychiatres ont en effet observé que les vagues de dégénérescences neuronales survenant dans différents territoires corticaux cérébraux se poursuivaient en dépit d'un traitement neuroleptique en cours, traitement pourtant bénéfique si on en jugeait d'après l'amélioration des manifestations cliniques de la maladie. Voyez aussi
Deux Ans

A ceux à qui les métaphores parlent sans doute plus clair que de longues explications de neurosciences, on pourrait dire que les neuroleptiques semblent agir comme des béquilles qui permettraient malgré tout de marcher, et ainsi d'utilement muscler, grâce à la marche rendue possible, la cuisse, la jambe et le pied sains dont on dispose encore, mais ils n'empêchent pas la jambe malade de continuer de s'abîmer, ils n'en restaurent pas la fonction normale.


RETOUR

Menu Articles